lundi 15 août 2016

Khelifa Abderrahmane publie un beau livre

Lumières sur l’histoire de Bejaïa

Publié le 20 mai 2016

La librairie « Chaïb Dzaïr » de l’Anep, récemment réaménagée, a accueilli l’historien et archéologue Khelifa Abderrahmane. Il a présenté son livre « Bejaïa, capitale des lumières », paru aux éditions Gaia. 
L’ancien élève de l’Ecole normale supérieure, titulaire d’un doctorat en histoire et archéologie, a d’emblée confié qu’il « est actuellement en train de préparer une série d’ouvrages qui retracent l’histoire des villes algériennes ». Il faut rappeler qu’il a déjà publié des livres intéressants sur des cités comme Tlemcen, Constantine et Alger. Celui-ci est le premier d’une série d’autres livres qui s’intéressent à l’histoire et au patrimoine de l’Algérie. « Je suis resté quatre ans pour réaliser ce travail sur Bejaïa à travers les époques médiévale, judéo-musulmane, espagnole et ottomane et durant la colonisation française », a-t-il affirmé. 
« Bejaïa, capitale des lumières », richement illustré de photos et de documents, relate l’histoire de la capitale des Hammadites, à travers des traités de commerce conclus avec les Byzantins, les Génois, les Florentins, les Marseillais et les Catalans. Ce travail s’appuie sur une documentation vers laquelle est orienté le lecteur curieux. Pour l’auteur de « Honaïne », l’Algérie a une tradition historique, un long passé mémoriel. « Nos villes sont chargées d’histoire, toutes ont des ancrages dans la préhistoire. Nous avons un substrat historique riche et important qui apparaît même dans notre vie quotidienne », explique-t-il. L’ouvrage éclaire le lecteur sur des événements marquants de l’Histoire. Avant d’être capitale, Bejaïa était occupée par des hommes préhistoriques. Elle avait un substrat historique très profond. 
Il a insisté, par ailleurs, sur la nécessité de récupérer les archives algériennes se trouvant à l’étranger. Elles sont indispensables pour les historiens qui peinent à mener leurs recherches, en particulier sur l’histoire moderne et contemporaine. Khelifa Abderrahmane a souligné qu’« un travail important reste à faire pour accomplir cette tâche », appelant les hommes de culture et les professionnels à se pencher véritablement sur cette problématique. Face à cette situation, l’historien révèle qu’il a connu lui même plusieurs difficultés d’ordre bureaucratique pour la réalisation de son travail. Il a évoqué notamment la prise de photos sur certains sites. A ce sujet, il a regretté qu’un chercheur étranger ait disposé de toutes les facilités pour mener à son terme son projet. 
S. S. Journal Horizons

mardi 31 mai 2016

IL VIENT D’ÊTRE PUBLIÉ AUX ÉDITIONS GAÏA

“Béjaïa, capitale des lumières” de Abderrahmane Khelifa


L’auteur Abderrahmane Khelifa vient de publier aux éditions Gaïa un beau livre intitulé Béjaïa, capitale des lumières, préfacé par Issad Rebrab, patron du groupe Cevital. Cet ouvrage de 538 pages, participe “à sa manière, à enrichir le patrimoine architectural et historique de la ville de Béjaïa et, partant, de l’Algérie”, est-il mentionné dans la préface. Illustré de nombreuses photographies de la région, de cartes et de portraits, le livre est accompagné de textes sur l’histoire (depuis la préhistoire jusqu’à la période musulmane), la population, la ville et ses monuments… Abderrahmane Khelifa a occupé de nombreuses fonctions dans les structures du patrimoine du ministère de la Culture. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, notamment Histoire d’El-Djazaïr Bani Mazghanna et Tlemcen, capitale du Maghreb central.

dimanche 15 mai 2016

Culture : Mila à travers l’histoire – acte XI
«Tahadrit, l’épouse milevienne d’un émir zianide»


Le colloque Mila à travers l’histoire, dans sa 11e édition, organisé comme il est de coutume, la dernière semaine du mois du Patrimoine (mai), par l’Association des amis du vieux Mila que préside le professeur Abdelaziz Segueni et toujours sous le haut patronage du wali de la wilaya, a connu, cette année, un succès retentissant, de part la qualité des communications présentées ainsi que le nombre et la richesse de l’assistance, responsables de wilaya, le recteur de l’université Constantine 2, M. Hadi Latrache, le directeur du centre universitaire de Mila,
M. Abdelwahab Chemame et de nombreux enseignants et étudiants des universités de Constantine 2 et Sétif 2, des invités d’honneur et de nombreux citoyens de Mila et amis de Milev.
Un grand absent, tout de même, à ce rendez-vous annuel, il s’agit du membre fondateur, vice-président, SG et véritable cheville ouvrière de l’association, le regretté Ahmed Ziani, décédé en décembre 2015 et dont l’association a tenu à lui rendre un vibrant hommage, à travers les siens présents dans la salle, un geste plein d’émotion et de chagrin.
Dans la foulée et afin de donner plus d’impact et de crédit à la convention, qui a été renouvelée en 2015, entre la wilaya de Mila et l’université Constantine 2, un comité de pilotage constitué de 5 membres représentant l’université et 4 autres représentant la wilaya, a été installé avec pour mission de booster et de promouvoir la recherche et les études académiques en la matière, du vieux Mila et de tous les autres sites archéologiques recensés à travers la wilaya.
La première communication était l’œuvre de madame Sabah FerdiI, auteur de Voyage en Algérie antique chercheur associé au CNRPAH et plus connue pour avoir été chargée du site de Tipaza pendant plus d’un quart de siècle, communication intitulée «Le voyage d’Augustin dans son pays natal», lui qui était toujours en mouvement et sur les chemins pour s’enquérir et s’occuper de ses fidèles, passant 60 années de sa vie à voyager. Dans son intervention, l’oratrice a beaucoup insisté sur la relation de l’évêque avec Milev qu’i a du visiter pour la dernière fois, 4 années avant sa mort c’est-à-dire, en 426 pour y installer un autre évêque en remplacement à son ami Severe, décédé quelques temps auparavant.
Dans ses nombreux périples à travers sa Numidie algérienne, l’auguste évêque pratiqua sa propre philosophie qui consistait à croire que «Le corps voyage en changeant de lieu, l’âme voyage en changeant de sentiments.»
Le professeur-chercheur Youcef Aïbèche, de l’université de Sétif et fidèle parmi les fidèles de l’association des amis de Mila, a traité lui, le sujet des personnalités marquantes de Milev, étant donné que la prospérité des villes est largement dépendante de ses personnalités, concluant par dire qu’il y’a eu, vraisemblablement, un lobby milevien qui s’est toujours imposé à Cirta et ce, de l’antiquité à nos jours ! L’auteur de «Cirta – Constantine, la capitale céleste» et de «Béjaïa capitale des lumières» et de tant d’autres ouvrages, Abderrahmane Khelifa qui n’est plus à présenter, a soutenu que Milev a toujours fait partie, d’une manière ou d’une autre, du patrimoine de toutes les villes d’Algérie, parce qu’elle a, à toutes époques été une ville vivante. Pour lui, l’histoire de Milev avec ses personnalités marquantes, précédait celle de l’Algérie. “Tahadirt était l’épouse milevienne d’un émir zianide du 13e siècle !’’ Tenait-il à déclarer devant une assistance ébahie et ayant toujours soif d’apprendre davantage. Bouba Medjani de l’université de Constantine a, quant à elle, épluché quelques manuscrits du début du 16e siècle, actés et notariés, relatifs aux biens habous de la ville de Constantine de l’époque, détenus par des familles nobles de Constantine et des familles mileviennes aisées (mosquées, biens immeubles, terres agricoles etc.)

vendredi 29 avril 2016

Abderrahmane Khelifa. Docteur en histoire et écrivain

Je veux montrer que civilisation urbaine

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le 29.04.16 | 10h00 Réagissez

Un cours magistral sur l’histoire de la ville de Béjaïa que propose Abderrahmane Khelifa dans son nouveau beau livre Béjaïa, capitale des lumières, édité chez Gaia éditions. Découvrez l’histoire des dynasties les plus influentes, les savants, la vie politique, religieuse et économique d’une cité qui a marqué la Méditerranée.

- Votre beau livre Béjaïa capitale des lumières publié aux éditions Gaïa est un important travail de recherches documentées. Vous aviez consacré combien de temps à la constitution de cet ouvrage ?
Je travaille depuis plus d’une dizaine d’années sur les grandes villes du Maghreb central, des villes qui furent des capitales, comme Constantine, Tlemcen et Alger. Il était normal que Béjaïa soit de celles-là. Elle a été la capitale d’un royaume et la deuxième capitale de l’Afrique du Nord à être sur la Méditerranée après Mahdia, en Tunisie.
Il faut dire que la richesse de son histoire m’a demandé beaucoup de temps à confectionner ce livre, amasser la documentation et les photos et les agencer pour en faire un livre. Je peux dire que je l’ai commencé en 2012 après la sortie de mon livre sur Tlemcen, c’est-à-dire près de quatre ans. Mais je dois dire que c’est actuellement le plus volumineux de mes livres.

- De dynastie à tribu, de vestige à monument, qu’est-ce qui a été le plus difficile en matière de documentation pour votre livre ?
Dans ce type de livre qui raconte l’histoire d’une ville depuis les temps préhistoriques à nos jours, vous devez lire tout ce qui a paru sur la ville et son histoire. Tout ce qui a favorisé la constitution d’une agglomération, son développement et parfois son déclin et/ou sa renaissance. Il est évident que le rôle des historiens et géographes qui ont visité ou décrit la ville est primordial et vous devez analyser et interpréter ce qu’ont dit des hommes comme El Bekri (XIe siècle) ou El Idrissi (XIIe siècle) ou encore Ibn Hamdis le Sicilien qui, à travers ses poèmes à la gloire de Béjaïa, a décrit ses monuments. Ibn Khaldun est évidemment incontournable pour comprendre la force des confédérations de tribus qui arrivent au faîte de leur puissance pour constituer une dynastie.
Et là, Béjaïa a bénéficié de la grande confédération des Sanhadja, parmi lesquels il faut citer les Kotama qui furent le fer de lance de la dynastie hammadite. Il faut dire que ces Kotama jouèrent déjà un rôle à l’époque antique puisqu’ils sont signalés comme étant installés dans cette région de la Soummam et dans les Babors. Quant aux monuments, on est obligé de s’appuyer sur ce qui reste comme vestiges et sur les études qui ont été faites. La disparition de certains monuments ou leur dégradation n’aide pas à la description des vestiges.
- Béjaïa capitale des lumières est avant tout un hommage à cette ville qui avait une très grande influence en Méditerranée. Pensez-vous qu’il reste encore des traces de cette influence ? Dans des pays voisins par exemple ?
Béjaïa, capitale des lumières est évidemment un clin d’œil au nom de Bougie, mais la ville a rayonné sur l’ensemble de la Méditerranée du point de vue politique, économique mais surtout culturel. En effet, la ville fut à l’époque hammadite un pôle intellectuel important qui attira un grand nombre d’intellectuels. Prenons le seul cas de Sidi Boumedienne, qui a enseigné un quart de siècle dans la ville de Béjaïa. Sa réputation était telle qu’on venait de partout pour suivre son enseignement.
Cette réputation fit peur au khalife Abû Yaqub el Mansour, le troisième de la dynastie almohade qui le fit convoquer à Marrakech. Il mourra en cours de route à Aïn Taqbalt, près de Tlemcen et fut enterré à El Eubbad qui prit le nom de l’illustre soufi. Il ne faut pas oublier que c’est à Béjaïa qu’Ibn Toumert et Abd el Moumen se rencontrèrent pour fonder la future dynastie qui allait unifier l’Afrique du Nord.
Faut-il pour autant oublier Ibn Khaldun qui y fut à la fois enseignant et Premier ministre ? Et Léonardo Fibonacci, fils du directeur de la douane des Pisans qui s’illustra par sa fameuse suite en mathématiques ? On pourrait allonger la liste. Il suffit de consulter le livre des savants de Béjaïa d’El Ghobrini qui en cite plus d’une centaine. Oui, nous pouvons dire que Béjaïa fut un phare pour la Méditerranée.
Du point de vue de l’architecture, la civilisation hammadite a influencé les autres villes de la Méditerranée. Ainsi, les palais de la Ziza à Palerme étaient inspirés des palais hammadites. Les lions de la cour de l’Alhambra sont les cousins de ceux de la Qal’a des Beni Hammad. Il ne faut pas oublier que Zaoui, frère de Bologguin, émigra en Andalousie et se tailla un fief à Grenade. D’ailleurs, le minaret de la Giralda de Séville est inspiré de celui de la Qal’a des Beni Hammad
- Vous consacrez une grande partie au commerce qui se pratiquait à Béjaïa ; jusqu’où son influence s’étendait-elle ?
Déjà Saldae, la Béjaïa antique, exportait ses produits (huile, blé, vin…) dans le monde romain. Des traces de ce commerce furent trouvées à Rome et dans d’autres ports de la Méditerranée. Béjaïa fut le terminal du commerce du Maghreb central. Héritière de la Qal’a des Beni Hammad, Béjaïa exerçait son influence jusque dans le Hodna et le Sud de l’Algérie (Touggourt, Biskra, Ouargla). Mais les caravanes allaient au-delà dans le Bilad El Soudan pour amener la poudre d’or (tibr).
Tous les Etats ou Républiques italiennes avaient leurs fondouks à Béjaïa. Les différents traités de paix et de commerce attestent d’une vitalité de ce commerce à Béjaïa. Les villes du Maghreb, d’Egypte et de Syrie échangeaient leurs produits avec ceux de Béjaïa qui avait un arrière-pays riche en matières premières. Les archives européennes attestent de l’importance de ce commerce avec Béjaïa qui est citée dans les différents traités.
- Quels sont les personnages ou familles qui ont fait évoluer la ville, et ceux qui ont fait perdre du prestige à cette cité et pourquoi ?
Béjaïa a vu défiler un grand nombre d’hommes de lettres et de juristes (cadis). Si vous prenez le livre d’El Ghobrini, vous trouverez les grands savants qui donnèrent ses lettres de noblesse à Béjaïa : les Ghobrini, les El Machadali, les Zouaoui, les Ath Oughlis, les Menguellati, les Hammad, les El Qal’i (Qal’a des Beni Hammad). Cela montre que la ville était le réceptacle de tous les lettrés qui parfois allaient parfaire leur savoir en Orient pour revenir enseigner dans les universités de Béjaïa.
Cela n’empêchait pas les Andalous de venir à Béjaïa pour bénéficier de ce climat intellectuel et nombre d’entre eux vinrent s’installer à Béjaïa pour finir leurs jours. Bien sûr, les dynasties hammadite et hafside encourageaient les savants et les arts et cela créait un climat culturel important. L’occupation espagnole en 1509-1510 ruina la ville qui ne se releva pas de près de quarante ans d’occupation. La période ottomane relégua la perle du Maghreb à une simple garnison tenue par des janissaires. L’occupation française ajouta à cette décadence. La ville ne retrouva plus son lustre d’antan et les monuments qui firent sa gloire furent détruits.
- Après Béjaïa, pensez-vous vouloir explorer une autre ville ?
Vous savez, ce sont ces projets qui me font vivre dans le sens où je veux terminer une œuvre. Celle de montrer que nous sommes une civilisation urbaine depuis l’antiquité. D’ailleurs, j’essaie de montrer une continuité dans notre histoire. C’est ce que j’essaie de montrer dans mes ouvrages. Les périodisations ne veulent rien dire.
Oui, j’ai commencé à travailler sur la Qal’a des Beni Hammad qui fut également une grande capitale. Le livre est pratiquement terminé.  Mais il me reste encore à entamer l’histoire de la civilisation rostémide à travers son ancienne capitale Tihert et ses prolongements vers Issedraten et la vallée du M’zab. Je suis en train de réunir la documentation. Encore un pan de notre histoire à faire connaître.

 

Abderrahmane Khelifa

Ancien élève de l’Ecole normale supérieure, tit