samedi 31 décembre 2011

mardi 20 décembre 2011


Les sources de l’histoire ancienne et médiévale de l’Algérie : répertoire et analyse critique des sources. L’exemple d’Alger

La relative pauvreté des sources écrites, leur absence même, pour les tranches importantes de notre histoire que sont l’Antiquité et le Moyen Age font de la culture matérielle le seul moyen d’atteindre le passé de l’Algérie. Or, chaque jour, des pans entiers du patrimoine archéologique disparaissent, qui causent des dégâts irréparables à notre mémoire collective. Des milliers de vestiges archéologiques sont menacés de disparition par la croissance démographique, une urbanisation anarchique, les grands travaux (Autoroute Est-Ouest, voies ferrées Batna-M’sila, Constantine-Jijel, nouvelles villes, par exemple), l’exploitation du sous-sol, la mécanisation de l’agriculture, la pollution atmosphérique, le vandalisme et le pillage. Le seul pouvoir, et le devoir du chercheur, face à un désastre annoncé, est de répertorier le plus vite possible ces archives du sol en sursis, puis les analyser et les mettre à la disposition de la communauté scientifique par la publication. Pour ce faire, la recherche doit impérativement précéder les destructions, souvent inéluctables, grâce au développement des fouilles archéologiques et des diverses sciences auxiliaires de l’Histoire comme l’épigraphie ou la numismatique. Aux gestionnaires de la culture, ensuite, d’exploiter les connaissances ainsi acquises dans l’intérêt du grand public.
N’est-il pas significatif qu’aucune monographie scientifique n’ait été consacrée à la capitale de l’Algérie, en dehors d’un important article publié par M. Le Glay en 1968 ? De l’yksmpunique, numide et maure à la capitale algérienne d’aujourd’hui, en passant par l’Icosium romaine et l’El Djazaïr berbéro-musulmane, bien des pages d’une histoire plus que bimillénaire peuvent être noircies. Parce que les sources de nos connaissances sont exclusivement, pour son passé lointain, et très largement, pour les siècles plus récents, archéologiques, il est urgent de donner à ce site martyr une monographie qui témoigne de toutes les traces matérielles de sa mémoire réenfouies ou détruites aussitôt qu’exhumées.
Ikosim-Icosium. La cité prisonnière de son triangle protecteur (l’actuelle Casbah) a enduré les transformations mutilantes des bâtisseurs ottomans et la plupart de ses ruines antiques, respectées pendant des siècles par ses habitants, servirent de matériaux de construction pour les fortifications, les édifices publics et les luxueux palais qui s’élevèrent de toutes parts dans Alger ottoman. Si on ajoute la superposition de la première ville française, littéralement encastrée, l’archéologue peut-il espérer récupérer des lambeaux de la cité antique afin de corriger la vision gravement lacunaire que nous avons de l’histoire de la capitale de l’Algérie ?
’yksm « Ile des mouettes », « Ile des hiboux » ou « Ile des Pleines lunes », a vraisemblablement été fondée au IIIe siècle av. J.-C., d’après les documents archéologiques à notre disposition . Promue au statut de colonie de droit latin par l’empereur Vespasien, la ville romaine s’étendait au nord jusque vers la place de Bab el Oued, au sud jusqu’au square Port Saïd (Bresson), à l’ouest jusqu’à la Casbah , le noyau se trouvant dans le quartier de la Marine. Les chantiers de fouilles de sauvetage du quartier Lallahoum, restés inachevés depuis près de 10 ans, non publiés, ont confirmé l’importance de cette zone qu’il est urgent d’explorer scientifiquement. De la même façon, les chantiers ouverts ces dernières années dans le Hamma, zone de passage de cette voie littorale romaine, seraient susceptibles de donner lieu à de multiples découvertes si un contrôle archéologique minimal existait. Ce projet, s’il était agréé par le CRASC, nous fournirait la possibilité d’intervenir scientifiquement.
Mme N. Benseddik, historienne de l’Antiquité et spécialiste du Maghreb romain, est l’auteur de diverses études publiées en Algérie et à l’étranger.
13 mosaïques ont été trouvées à Alger dès les débuts des grands travaux d’aménagement autour des années 1840. Elles décoraient de riches demeures, des thermes ou des églises. Certains pavements sont encore conservés au Musée National d’Alger, tandis que d’autres ont été détruits ou ont disparu. Comme les mosaïques de nombreux autres sites d’Algérie, les pavements d’Alger n’ont jamais fait l’objet d’études exhaustive. Une telle étude permettrait de mieux connaître les goûts et le statut socio-économique des commanditaires, riches Africains romanisés. Elle définirait également la place de la cité d’Icosium dans l’évolution de cet art, du point de vue thématique et stylistique, en Algérie, en Afrique et dans le Bassin Méditerranéen. Le répertoire analytique qui serait ainsi réalisé pour Icosium serait une première contribution à un corpus des mosaïques d’Algérie qui s’enrichirait au fur et à mesure du renouvellement de ce projet pour les autres sites algériens. Mlles S. Ferdi et N. Abdelouahab, spécialistes de la question, ont déjà publié plusieurs études scientifiques en Algérie et à l’étranger.
En matière de numismatique, on sait que le monnayage est apparu au Maghreb dès 400 avant J.-C., à Carthage, et qu’il s’est développé ensuite à partir de la 2 e guerre punique dans les royaumes berbères numides puis maurétaniens jusqu’à l’annexion par Rome de la Numidie (46avant J.-C.) et de la Maurétanie (40avant J.-C.). Un trésor a été découvert en 1940 à Alger, dans le quartier de la marine, qui a été partiellement déposé au Musée National des Antiquités. Grâce à la légende YKSM sur le revers des coins, on a pu attribuer le trésor à la cité libyco-punique d’Icosim, trésor qui attend encore d’être analysé et publié dans son intégralité ; seulement alors, on pourra connaître les caractéristiques métrologiques de ces monnaies, leurs particularités iconographiques et recueillir toutes les données politiques et économiques possibles. Les monnaies de l’époque romaine restent également à étudier. Au terme de ce projet, sera disponible un outil destiné à de futures études sur l’évolution historique et économique du Maghreb antique en général, de l’Algérie antique en particulier.
Mlle A. Soltani, numismate et spécialiste de la période numido-punique, a déjà publié divers articles en rapport avec la question en Algérie et à l’étranger.
El Djazaïr Beni Mezghenna. Le même projet de recherche intégrera le recueil et l’analyse critique des textes des historiens et géographes du Moyen Age relatifs à la ville, en l’appuyant sur un travail d’inventaire et d’analyse des objets archéologiques découverts conservés ou disparus ; ceux-ci ne seront pas étudiés pour leur simple aspect esthétique mais en tant que outils pour la compréhension globale du site et de son développement spatial et économique. Un examen approfondi des vestiges de l’unique site archéologique d’Alger, Place des Martyrs, près de Dar El Hamra, apparaît prometteur. A son achèvement, l’expérience pourrait être renouvelée avec d’autres sites moins connus comme Tobna, Mila…Tehouda…etc.
M. A. Khélifa, Spécialiste de la période et archéologue, a déjà publié nombre d’études relatives au Maghreb central en Algérie et à l’étranger.

 
  
Equipe du projet : 

CHEF DE PROJET : BENSEDDIK Nacera

MEMBRES DE L’EQUIPE : 
* KHELIFA Abderrahmane
* ABDELWAHAB Naima
* SOLTANI Amel

DUREE DU PROJET : Du 01/04/2006 au 31/03/2008 Prorogé au 31/03/2009

 
 
Marie-Odile>Paysages algériens
19 janv. 2008
Adrar, Timimoun, Alger
photos : 80 – 19 Mo
Public
paysages vus pendant le séjour FOSC/CCAS "Réveillon à Timimoun", du 27/12/2007 au 05/01/2008
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