lundi 31 octobre 2011


Le prestige de l’histoire de Constantine est loin d’être fondé sur un mythe
CONSTANTINE- Le prestige de l’histoire de Constantine est loin d’être un mythe, a souligné en substance, dimanche, l’archéologue et historien Abderrahmane Khelifa, au cours d’une conférence-débat autour de son ouvrage "Cirta, la capitale céleste".

P r o f i l s

Abderrahmane Khelifa

On dit généralement que le lieu de naissance influence l'écrivain. Qu'en pensez-vous ?

Sûrement, il y a un cordon ombilical qui nous relie à la terre natale, au terroir. Mais il faut prendre au sens large ce lieu de naissance surtout quand on est archéologue et historien. En effet toute ma vie professionnelle a eu pour théâtre le pays. J'ai fouillé à Tébessa, Alger, Cherchell, Djemila, Tipasa, Sidi Okba-Biskra, Qal'a des Béni Hammad, Agadir- Tlemcen, Honaïne. Cela crée des liens. En outre, quand on lit les ouvrages d'histoire, on est attaché à son pays plus qu'à son village. Cela étant, je suis content que mon village natal, Tamda, dans le Haut Sebaou (wilaya de Tizi Ouzou) soit une station préhistorique.

Qu'est ce qui vous a poussé à écrire et par qui avez-vous été influencé ?

J'ai passé plus de quarante ans à parcourir le pays pour les problèmes de patrimoine (archéologie, musée, monuments et sites historiques). J'ai d'abord rédigé ma thèse de doctorat qui est un bon exercice de rigueur et de rédaction, fruit de longues années de recherches et de fouilles archéologique. Aussi, acquiert- on une certaine expérience et une connaissance non négligeable. Je me suis dit qu'il serait dommage de ne pas transmettre mon savoir, que je dispensais en cours à l'EPAU et à l'Ecole supérieure des Beaux-arts à un plus large public. Au cours de ma carrière, j'ai publié des articles dans des publications spécialisées, donc il me fallait écrire à la fois pour un large public tout en gardant une information fiable.

Dans vos différentes lectures quels sont les ouvrages qui vous ont le plus influencé ?

Tous les livres d'histoire relatifs au Maghreb. Particulièrement, Abderrahmane Ibn Khaldun qui est un ouvrage monumental mais qui est un outil de première main pour la connaissance de notre pays. Cela étant je suis attiré par les romans historiques et je ne désespère pas un jour d'en écrire un. J'ai un certain nombre d'idées que je compte bien exploiter un jour. Pour le moment, j'écris une histoire des villes.

Les livres parus jusqu'ici en Algérie reflètent-ils les différentes séquences de notre histoire ?

Je ne porte pas de jugement sur les différents livres car nous avons un déficit en matière de production livresque et ce déficit est ressenti dans tous les pays musulmans. Et surtout dans le domaine de l'Histoire. Donc il faut écrire. Le lectorat fera son choix.

Livres - Patrimoine

Date de création: 28-01-2011 10:37
Dernière mise à jour: 28-01-2011 10:37
Lu: 57 fois


 Alger, histoire et patrimoine
de Abderrahmane KHELIFA, 307 pages, Editions ANEP, Alger 2010
L'auteur   :  Ancien élève de l'Ecole normale supérieure , docteur en histoire et en archéologie, longtemps directeur des Beaux Arts au ministère de la Culture. A effectué de nombreuses fouilles.
Le contenu : Un voyage au bout des images et des mots , travers toute l'histoire d'une ville, son architecture, ses populations, ses langues, ses édifices et ses monuments.
Avis: Un beau cadeau....pour ceux qui, financièrement, le peuvent. 

L’Expression
L’Expression : 09 – 05 – 2011
Pour ce spécialiste en histoire et archéologie, la protection du patrimoine national, matériel et immatériel, représente un travail sérieux, dense et de longue haleine.La restauration des sites et monuments historiques que recèle l’Algérie nécessite une stratégie à long terme car il s’agit de préservation de toute la profondeur historique du pays, a estimé samedi à Alger l’historien Abderrahmane Khelifa. Les opérations de restauration des sites historiques devraient s’inscrire dans une politique durable, non de circonstance, a-t-il ajouté dans une déclaration à la presse en marge de la rencontre sur le patrimoine archéologique et historique au Centre des loisirs scientifiques de l’établissement Arts et Culture.Pour ce spécialiste en histoire et archéologie, auteur de plusieurs livres sur des villes algériennes, la protection du patrimoine national, matériel et immatériel, représente un travail sérieux, dense et de longue haleine, loin de la précipitation et du «bricolage». Selon lui, le patrimoine n’est pas un bien propre à des particuliers ou dépendant d’un ministère, mais représente l’histoire et l’identité de tout un peuple, nécessitant une plus grande prise de conscience de sa protection et préservation chez les pouvoirs publics et les populations.«Nous avons tout un arsenal de textes réglementant la protection des monuments et sites archéologiques, mais nous avons le regret de constater que notre patrimoine n’est pas respecté. La preuve, des monuments ou d’anciennes maisons tombent en ruine…», a-t-il déploré. Qualifiant le patrimoine de trésor légué par nos ancêtres, M.Khelifa a appelé à encourager, en particulier les visites des écoliers aux musées pour les mettre en contact direct avec les différents objets archéologiques reflétant l’ensemble des chapitres de l’histoire de l’Algérie depuis les temps les plus reculés. Abderrahmane Khelifa est natif de Tamda à Tizi Ouzou. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages d’histoire où le patrimoine archéologique des villes algériennes est mis en valeur. Histoire d’El Djazaïr Beni Mazghanna (Dalimen, 2007), Honaïne, ancien port du royaume de Tlemcen (Dalimen, 2008) qui lui vaudra le 1er Prix littéraire du Salon international du livre, et Cirta, Constantine, la capitale céleste (Colorset, 2011) comptent parmi ses publications les plus récentes. 


P r o f i l s

Abderrahmane Khelifa

On dit généralement que le lieu de naissance influence l'écrivain. Qu'en pensez-vous ?

Sûrement, il y a un cordon ombilical qui nous relie à la terre natale, au terroir. Mais il faut prendre au sens large ce lieu de naissance surtout quand on est archéologue et historien. En effet toute ma vie professionnelle a eu pour théâtre le pays. J'ai fouillé à Tébessa, Alger, Cherchell, Djemila, Tipasa, Sidi Okba-Biskra, Qal'a des Béni Hammad, Agadir- Tlemcen, Honaïne. Cela crée des liens. En outre, quand on lit les ouvrages d'histoire, on est attaché à son pays plus qu'à son village. Cela étant, je suis content que mon village natal, Tamda, dans le Haut Sebaou (wilaya de Tizi Ouzou) soit une station préhistorique.

Qu'est ce qui vous a poussé à écrire et par qui avez-vous été influencé ?

J'ai passé plus de quarante ans à parcourir le pays pour les problèmes de patrimoine (archéologie, musée, monuments et sites historiques). J'ai d'abord rédigé ma thèse de doctorat qui est un bon exercice de rigueur et de rédaction, fruit de longues années de recherches et de fouilles archéologique. Aussi, acquiert- on une certaine expérience et une connaissance non négligeable. Je me suis dit qu'il serait dommage de ne pas transmettre mon savoir, que je dispensais en cours à l'EPAU et à l'Ecole supérieure des Beaux-arts à un plus large public. Au cours de ma carrière, j'ai publié des articles dans des publications spécialisées, donc il me fallait écrire à la fois pour un large public tout en gardant une information fiable.

Dans vos différentes lectures quels sont les ouvrages qui vous ont le plus influencé ?

Tous les livres d'histoire relatifs au Maghreb. Particulièrement, Abderrahmane Ibn Khaldun qui est un ouvrage monumental mais qui est un outil de première main pour la connaissance de notre pays. Cela étant je suis attiré par les romans historiques et je ne désespère pas un jour d'en écrire un. J'ai un certain nombre d'idées que je compte bien exploiter un jour. Pour le moment, j'écris une histoire des villes.

Les livres parus jusqu'ici en Algérie reflètent-ils les différentes séquences de notre histoire ?

Je ne porte pas de jugement sur les différents livres car nous avons un déficit en matière de production livresque et ce déficit est ressenti dans tous les pays musulmans. Et surtout dans le domaine de l'Histoire. Donc il faut écrire. Le lectorat fera son choix.

vendredi 28 octobre 2011


Le 20 octobre 1541 Charles Quint attaqua Alger

Taille du texte normaleAgrandir la taille du texte
le 28.10.11 | 01h00 Réagissez

Parmi les actes fondateurs de l’Etat algérien, il en est un qui vit la résistance de la population d’Alger à l’invincible armada de Charles Quint. Cet événement, qui s’est déroulé il y a 470 ans exactement, a changé la géopolitique de la Méditerranée et du Maghreb pour des siècles. Dans un dernier sursaut, le Maghreb échappait à la mainmise totale de l’Espagne et de façon durable sur le bassin occidental de la Méditerranée. Cette zone de la Méditerranée fut un enjeu politique et militaire entre les deux grandes puissances de la Méditerranée qu’était l’Empire ottoman et l’empire de Charles Quint. Alger fut un enjeu de taille qui mobilisa la présence de l’empereur à la tête de l’expédition.

Depuis 1536, Kheir Ed Dine, appelé à de hautes fonctions auprès du sultan à Istanbul, avait été remplacé au gouvernement d’Alger par un de ses officiers, Hassan Agha, qui avait été recueilli enfant sur les côtes de la Sardaigne et qui avait poursuivi l’œuvre de son père adoptif en s’emparant de Biskra, Mostaganem et Tlemcen, et en renforçant la flotte d’Alger.
Celui-ci eut à faire face à la plus formidable flotte réunie en Méditerranée durant le XVIe  siècle. En 1541, sous le pontificat de Paul III, une expédition comportant une flotte de 600 voiles, dont 65 grandes galères, montées par 12 000 marins et 24 000 soldats (Laugier de Tassy donne le chiffre de plus de 30 000), commandée par Charles Quint et à laquelle participa la fine fleur de la noblesse d’Espagne, d’Italie et d’Allemagne et les chevaliers de l’Ordre de Malte, se dirigea sur Alger. Le pape avait voulu que son neveu Colonna en fît partie. Une bulle du Pape absolvait de tous les péchés ceux qui mourraient en combattant les infidèles et leur promettait la couronne du martyre. Hassan Agha, lui, avait fait des préparatifs en fonction de cette attaque.
Un document de l’époque relate cette préparation : «Hassan s’occupa à fortifier la ville et à la mettre en état de résister à l’ennemi. Il reconstruisit les murailles, répara ce qui était écroulé, les garnit de canons ainsi que les tours. Il employa quatre cents chrétiens à ce travail… Ensuite, il envoya chercher le cheikh de la ville et se fit remettre la liste des hommes de chaque quartier… Le gouverneur fit couper tous les arbres des jardins, pour que l’ennemi ne puisse pas s’y dissimuler pendant le combat : les premiers arbres coupés furent ceux de son propre jardin.» L’armada arriva dans la baie d’Alger le 20 octobre 1541 et jeta l’ancre près du cap Matifou (Tamentfoust), soit trois jours avant la fin de djoumada II 948 de l’hégire. Le gardien de la mer informa Hassan Agha de l’arrivée de la flotte : «J’ai essayé de compter la flotte chrétienne, mais je n’ai pu y réussir, mes yeux étaient obscurcis par cette multitude de vaisseaux.» Le débarquement commença le 23 octobre sur la rive gauche de l’oued El Harrach, et le 24, l’armée commença à encercler Alger par le sud.

90 000 hommes

D’après une source locale : «Hassan Agha demanda à Sidi Saïd El Chérif, le cheikh de la ville, d’envoyer des gens sur les tours et sur les murailles pour les garder et combattre l’ennemi. Hassan mit également des chefs pour garder les portes avec des troupes de soldats : à Bab Azzoun était posté un des principaux hommes de guerre, nommé El Hadj Mami, célèbre par sa bravoure. Hassan se tint dans un des forts d’Alger dont les canons battaient l’ennemi sur terre et sur mer… Il plaça au-dessus de la porte Bab El Oued un immense canon dont le bruit terrifiait l’homme et dont les décharges anéantissaient l’âme. De cet endroit jusqu’à La Casbah, le commandement fut confié à un caïd. Il se nommait Hassan. Le gouverneur chargea le caïd Youssouf de la défense de Bab El Oued. Il y avait avec lui trois autres caïds : l’un, appelé Safar, fut placé à une tour, le second, Aslan, à la partie inférieure des murailles, et le troisième, Ramdhane, sur un point quelconque. Quant à Kutchuk Ali et Haïder, ils furent placés à la Porte de l’Ile (porte de la Marine) ayant avec eux le capitaine général de la marine, nommé Khidr, et une troupe de raïs.»
L’avant-garde de l’expédition contre Alger était formée par les Espagnols sous le commandement de Fernand de Gonzague. Au centre se tenait l’empereur avec les troupes allemandes ; les Maltais et Siciliens, avec les chevaliers de Malte, composaient l’arrière-garde, sous le commandement de C. Colonna. Selon le chroniqueur local : «Le roi d’Espagne débarqua avec 90 000 hommes et passa la nuit du dimanche à lundi sur l’emplacement appelé El Hamma. Il y avait un des principaux Turcs qui résolut d’aller attaquer de nuit les chrétiens. On lui ouvrit les portes de la ville… Cette sortie eut lieu lorsqu’il restait encore un quart de la nuit. Les infidèles ne s’en doutèrent pas, car la saison était pluvieuse… sinon au moment où les musulmans jetèrent le désarroi parmi eux et firent une décharge de fusil en une seule fois. Ils lancèrent aussi des flèches, ce qui causa un trouble extraordinaire... Les Algériens rentrèrent en ville après avoir tué beaucoup d’ennemis. Le lundi, les chrétiens se mirent en marche vers la ville, ayant avec eux le tyran et s’approchèrent des murailles, en bon ordre.
Ils ressemblaient, aux yeux des habitants, à des masses de fourmis noires remplissant la plaine. Il y avait parmi eux 4000 cavaliers. On commença à leur envoyer des remparts, des coups de canon, des balles et des flèches. Ce jour-là, des soldats turcs marchèrent au combat et montrèrent une grande valeur, entre autres El Hadj Bacha, El Hadj Mami, Khidr, El Hadj Bekir qui livrèrent jusqu’à la nuit une bataille acharnée. Les ennemis revinrent à Ras Tafourah où ils établirent leur camp. Ils s’emparèrent de toutes les collines et se disposèrent à attaquer la ville.» L’empereur installa son quartier général sur une colline appelée Koudiat El Saboun afin de tenir la ville sous les feux de son armée. Cette petite colline, qui disposait d’un petit bastion, domine l’actuel hôtel El Aurassi, et qui porta le nom de Fort l’Empereur.  Charles Quint envoya un messager à Hassan Agha pour lui demander de se rendre, lui faisant valoir qu’il avait été baptisé et qu’il devait revenir à sa religion originelle. De plus, il lui fit remarquer que Tunis, beaucoup plus grande et mieux défendue, avait succombé sous les coups de l’armée impériale (1535).

Et vint la tempête

Hassan Agha repoussa ces arguments avec fermeté en faisant remarquer que les Espagnols avaient déjà échoué deux fois devant Alger (ceux de Diego de Vera et de Hugo de Moncada). Dans la même soirée, la pluie se mit à tomber en même temps qu’une tempête de nord-ouest s’élevait et mettait à mal la flotte qui était en rade. L’armée espagnole, sans tentes ni vivres, empêtrée dans la boue, prise au dépourvu, subit le feu nourri des Algériens. Voilà en quels termes le chroniqueur algérien décrit le moment : «Le mardi, Dieu Très Haut envoya, vers la fin de la nuit, une violente tempête qui rompit les câbles des navires. Ils dressèrent les mâts de peur de périr, mais le vent ne cessa d’augmenter. L’amiral qui se nommait Doria eut l’esprit troublé comme tous ceux qui étaient à bord des navires. L’ouragan violent, envoyé par Dieu, poussa la flotte contre le rivage : les vaisseaux périrent sur des rochers, les esclaves musulmans s’en évadèrent et les gens d’Alger coururent exterminer les marins chrétiens jusqu’au dernier. Le tyran vit ses navires submergés et détruits, sa puissance brisée, son éclat éteint et l’abaissement qui le menaçait…»

«Nous reviendrons !»

La légende retiendra de cette déroute que le porte-étendard de l’Ordre, le Français Ponce de Balaguer, chevalier de Savignac, planta sa dague dans la porte Bab Azzoun qui se refermait devant lui, en s’écriant : «Nous reviendrons !» Quelques heures plus tard, il mourait sur la plage. Les historiens ne retiennent pas cette version fabriquée après coup. Le chevalier de Villegagnon, Chevalier de Saint-Jean qui fit partie de l’expédition et de l’attaque de Bab Azzoun et qui fut blessé trois fois, ne rapporte cet épisode ni dans son rapport au vice-roi du Piémont ni dans sa narration de l’expédition, écrite à Rome pendant sa convalescence et parue en 1542. Il relate les faits en ces termes : «Les ennemis commencèrent à tourner les épaules en fuyant vers la ville comme des gens rompus, dont nos gens étant mal avertis commencèrent à écrier victoire et avec grande allégresse courir après, tellement qu’en peu d’heures, nous nous trouvâmes auprès de la muraille de la ville et en fin, de peur que nous n’entrassions pêle-mêle avec eux, se retirèrent partie dans le fossé le long de la muraille, partie fermèrent la porte, au moyen de quoi comme l’on dit en commun proverbe, au pied du mur sans échelle.
Ce voyant, les ennemis déchargèrent toute l’artillerie tant grosse que menue contre nous, et outre l’artillerie n’épargnèrent flèches et arbalètes, dont nos victorieux Italiens se sentirent maltraités et se retirèrent aussi diligemment qu’ils y étaient venus, sans qu’il fût jamais en la puissance d’homme du monde leur faire tourner le visage, et demeura la bannière de la Religion avec partie des chevaliers seule à soutenir cette fureur. Ce qu’elle fit si heureusement, grâce à Dieu, qu’avec petite perte de gens nous nous retirâmes en un détroit… attendant quelque secours…» De cet épisode, l’angle des rues Bab Azzoun et Littré porta une inscription en marbre dont voici le texte : «A quelques pas d’ici – le 25 octobre 1541, le Français Pons de Balaguer dit Savignac, porte-étendard des Chevaliers de Malte qui firent partie de l’expédition dirigée par Charles Quint contre Alger, vint, sous une grêle de traits, planter sa dague dans la porte d’Azzoun en disant “Nous reviendrons !” – prophétie qui se réalisa le 5 juillet 1830 avec l’armée du général de Bourmont.»

Tous dans l’oued   El Harrach

Cortez, le conquérant du Mexique, fit partie des fuyards et dut laisser au fond de l’eau une partie des objets de valeur qu’il avait rapportés du Mexique. Le 26 octobre 1541, Charles Quint put voir, en trois jours, l’ampleur du désastre occasionné par le courage des habitants de la ville et par les éléments déchaînés. Les bateaux mouillés dans la baie s’entrechoquèrent par la force des vagues. Leurs câbles rompirent et la plus grande partie de l’armada vint se briser sur le rivage. L’empereur aux neuf couronnes abandonna le camp avec son artillerie et ses troupes, attaquées et taillées en pièces par les Algériens, se replièrent sous des trombes d’eau, en grand désordre vers l’est, près de l’oued Kniss. Les Italiens furent mis en pièces n’étant pas habitués au type de combat pratiqué par les Algériens. Les troupes européennes furent poursuivies jusqu’à l’oued El Harrach où un grand nombre de soldats sombra dans ses eaux tumultueuses. Charles Quint faillit se noyer dans l’oued El Harrach s’il n’avait été guidé par un Maure, selon Guillaume Pellicier.
Le roi d’Espagne put finalement embarquer avec difficulté. «Jamais armée ne fut en plus pitoyable état que celle de l’empereur fut alors, parce que les vivres qu’on avait débarqués ayant été consommés en trois jours, on ne savait plus comment soutenir les soldats abattus de froid et de faim», relate une chronique de l’époque. «Ils mangèrent 400 chevaux et passèrent la nuit sous des torrents de pluie, tandis que les Arabes et les Kabyles lançaient sur eux des balles et des pierres et les attaquaient à l’improviste.» Le chroniqueur ajoute que tous les chevaux de l’expédition, soit plus de 4000, furent tués, abandonnés sur place ou mangés. Sur les conseils de l’amiral Doria, Charles Quint donna l’ordre à l’armée de battre en retraite en direction de l’est, vers cap Matifou, à travers la boue et les rivières en crue.
L’empereur lui-même commandait l’arrière-garde avec les Chevaliers de l’Ordre de Malte. Ils mirent trois jours pour embarquer. La flotte espagnole se replia sur Béjaïa où elle séjourna une vingtaine de jours. Le souvenir de cette défaite empêcha les nations européennes de s’aventurer à prendre Alger qui gagna une réputation d’invincibilité et de «bien gardée» (El Mahroussa). Hassan Agha, sur recommandation de Kheir El Dine Barberousse, reçut du sultan ottoman le caftan de pacha et ses félicitations pour la victoire. Il se démit de ses fonctions un an avant sa mort qui aurait eu lieu en 1545. Il fut ignoré de l’histoire. Lui a-t-on reproché ses hésitations dans les pourparlers avec Charles Quint ?
L’expédition de Charles Quint occupe une place particulière dans les différentes agressions qui furent dirigées contre Alger, car elle détermina de façon durable le rôle de la ville en tant que bastion de la résistance. Est-elle enseignée dans les écoles comme étant un acte fondateur de notre patrimoine immatériel ?

Abderrahmane Khelifa. Historien et archéologue

vendredi 7 octobre 2011


La Qal’a en Héritage (A. Khelifa)

Le texte présenté ici a écrit par M. Abderrahmane Kh elifa d’après les sources « arabes » et les archéologues – historiens Golvin, Beylié ou Blanchet. Il a été publié en 2003 dans un catalogue d’exposition édité par Acte Sud : « L’Algérie en Héritage« .

La Qal’a des Beni Hammad

La dynastie Hammadide est une branche cadette de celle des Zirides qui s’étaient installés en Ifriqiya après le départ des Fatimides pour Le Caire en 973. Bologuine ibn Ziri, le bras armé de la dynastie Fatimide au Maghreb, était désigné par son père et investi par le calife chiite Al-Mu’izz. Son installation à Kairouan, puis son règne ne provoquèrent pas de troubles majeurs. Mais à l’avènement de son fils Al-Mansur, les frères de ce dernier se révoltèrent, à l’exception de Hammad qui apporta son soutien au nouveau souverain. Il se posa alors en défenseur de la dynastie sanhadjienne et combattit les Zénètes aux frontières de l’ouest.
C’est en 1007-1008 que Hammad Ibn Bologuine obtint de son neveu et suzerain Badis l’autorisation de fonder une ville et d’en faire sa capitale. Bientôt Hammad affirma son désir d’autonomie et la rupture fut consommée en 1014-1015 lorsque Badis voulut retirer à Hammad le commandement des villes de Tijis, Constantine et Qasr al Ifriqi. II s’ensuivit une série de batailles au terme desquelles Hammad se retrouva assiégé dans la Qal’a. Il ne dut son salut qu’au décès subit de Badis lors du siège. La guerre se poursuivit par intermittence, mais en définitive les princes zirides s’accommodèrent de l’existence d’un royaume concurrent à leurs frontières. Le royaume des Hammadides, essentiellement sous le règne d’Al Nacir (1066-1088), connut un développement artistique, culturel et économique sans équivalent sous celui des autres princes de la dynastie. La Qal’a, suite aux troubles intervenus dans les villes d’Ifriqiya, liés aux invasions hilaliennes, devint le refuge et le centre de rayonnement d’une grande partie du Maghreb. De toute part accoururent savants, théologiens et commerçants. C’est à cette époque que le royaume gagna sa plus grande extension territoriale, avec Tiaret et le Chélif comme marches à l’ouest et, à l’est, jusqu’à Mila, Constantine, le sud de Sétif et la région de Biskra.
La situation se dégrada rapidement à l’arrivée des tribus hilaliennes au Maghreb central. AI-Nacir fut défait et dut se réfugier à la Qal’a (1065) puis composer avec les tribus arabes qui occupaient son territoire. Il comprit la nécessité de fonder une autre capitale qui ne fût pas à l’intérieur des terres et porta son choix sur le port de Bejaia. Très vite, les souverains Hammadides firent de la nouvelle capitale un pôle économique et culturel ouvert sur la Méditerranée jusqu’à l’arrivée des Almohades qui détruisirent la Qal’a et mirent un terme au règne de la dynastie (1163). Ainsi les Hammadides gouvernèrent sans partage durant plus de 150 ans en imprimant au Maghreb central un goût pour l’architecture que l’on peut apprécier dans les monument édifiés à la Qal’a. A la cour, ils entretinrent des poètes, des savants, des artistes…
Le site sur lequel a été édifiée la Qal’a des Beni Hammad se trouve sur le versant sud du Djebel Maadid qui surplombe les plaines du Hodna, à environ une centaine de kilomètres de Bejaia. Dominé au nord par le Djebel Takerboust qui culmine à 1458 m, à l’ouest par le mont Gorein qui s’élève à 1190 m, le site est bordé à l’est par la vallée de l’oued Fredj qui assure le ravitaillement en eau et dont les gorges constituent une défense naturelle. La ville est bàtie sur un plateau incliné à 950 m d’altitude, d’ou son nom de Qal’a (forteresse). Elle portera indifféremment le nom de Qala’t Abi Tawil, QaI’a du Hodna, Qala’t Hammad, ou Qala’t Banu Hammad. Le site, à la valeur stratégique évidente, avait déjà été occupé à l’époque romaine, puisque des fouilles effectuées en 1898 par le général de Beylié ont permis de mettre au jour une mosaïque représentant le triomphe d’Amphitrite, actuellement exposée au musée national des Antiquités d’Alger. Au Xe siècle, l’endroit servit de refuge à Abû Yazid, « l’homme à l’àne », qui se révolta contre les califes Fatimides entre 929 et 947. Les chroniqueurs de l’époque mettent l’accent sur le relief accidenté des lieux.
Le choix du site fut sûrement dicté par le souci qu’avait Hammad de se protéger de ses cousins d’Ifriqiya. L’historien lbn Hammad nous apprend que la construction de la ville fut confiée à un nommé Bouniache. Hammad y transporta des habitants de M’sila et de Hamza (près de Bouira), ainsi que des tribus djeraoua.
La ville subit plusieurs sièges en rapport avec les conflits qui opposèrent les Hammadides à leurs cousins zirides d’Ifriqiya. Malgré cela, elle connut un essor sans pareil. Les géographes et les historiens la décrivent en termes élogieux. Al Bakri, qui vécut au XVe siècle et l’appelle « Qal’t Abi Taouil », nous indique qu’elle était « une grande et forte place de guerre et devint, après la ruine de Kairouan par les Beni Hilal, une métropole. Comme les habitants de l’Ifriqiya sont venus en foule pour s’y établir, elle est maintenant un centre de commerce qui attire les caravanes de l’Irak, du Hedjaz, de l’Egypte, de la Syrie et de toutes les parties du Maghreb »
Un siècle plus tard, Al Idrissi, géographe qui séjourna auprès du roi Roger II de Sicile, décrit la ville en ces termes: ‘Al Qal’a s’appuie sur une haute colline difficile à escalader. Elle est entourée de remparts. C’est une des villes qui ont le plus vaste territoire, une des plus peuplées et des plus prospères, des plus riches et des mieux dotées en palais, en maisons et en terres fertiles. Son blé est à bas prix, sa viande est excellente… » Un géographe du XIIIe siècle, Yaqut al Himawi, loue la qualité de ses feutres et la finesse des vêtements et broderies qu’on y fabriquait.
lbn Khaldoun écrit, au XIVe siècle: « La Qal’a atteignit bientôt une haute prospérité ; sa population s’accrut rapidement et les artisans ainsi que les étudiants y venaient en foule des pays les plus éloignés et des extrémités de l’empire. Cette affluence de voyageurs avait pour cause les grandes ressources que la nouvelle capitale offrait à ceux qui cultivaient les sciences, le commerce et les arts. »
[SinglePic not found]La Qal’a est l’exemple type de ville forteresse, construite en altitude et entourée de montagnes. En plus de l’avantage du site, la ville était dotée d’un mur d’enceinte en pierre de 7 km de périmètre et d’une épaisseur variant entre 1,20 et 1,6o m. Ces remparts escaladaient les versants des montagnes environnantes ou furent installées des tours de guet, protégeant ainsi l’ensemble des quartiers de la ville ; ils redescendaient le long de la falaise constituée par les gorges de l’oued Fredj. Sur le bord de cette falaise fut édifié un impressionnant donjon, appelé donjon du Manar. Un mur intérieur séparait le quartier des Djeraoua du reste de la ville. On entrait dans la cité par trois portes, Bab al Aqwas (la porte des Arcades) au nord, Bab Djenan (la porte du Jardin) à l’ouest et Bab Djeraoua (la porte des Djeraoua) au sud. Une rue principale traversait la ville d’est en ouest, de Bab Djenan à Bab al Aqwas. Une autre rue reliait Bab Djeraoua à la rue principale. Hammad ibn Bologuine fit construire son palais au nord de cet axe et la Grande Mosquée au sud, puis les quartiers populaires comme celui des Djeraoua à l’ouest. Nous pouvons supposer que ses successeurs embellirent la ville et agrandirent les édifices construits par le fondateur de la dynastie.
L’art des Hammadides est connu gràce aux monuments exhumés au cours des diverses campagnes de fouilles effectuées depuis la fin du XIXe siècle jusqu’au début de l’indépendance. Seuls deux monuments étaient encore debout: le minaret et le donjon du Manar.

LES MONUMENTS

LA GRANDE MOSQUÀ‰E

Les fouilles ont permis d’établir un plan complet de l’édifice religieux, bàti sur un plan rectangulaire de 63,30 m sur 53,20 m. C’est, après la mosquée de Mansourah, le plus grand sanctuaire d’Algérie. Elle compte treize nefs orientées nord-sud, les cinq nefs centrales étant isolées par un mur. Certains archéologues y ont vu une maqsoura alors que d’autres pensent qu’il s’agit d’une salle de prière réduite qui a remplacé celle de plus grandes dimensions quand la Qal’a fut désertée après la conquête almohade en 1163. La salle de prière comptait quatre-vingt-quatre colonnes dont il ne subsiste que les bases. La mosquée possède une cour séparée de la salle de prière par plusieurs portes. Le minaret se dresse sur le côté nord de la cour. C’est le plus ancien minaret d’Algérie après celui de Sidi Bou Marwan à Annaha. Il est décoré sur sa face sud, c’est-à-dire celle qui donne sur la cour de la mosquée, par des niches et des défoncements disposés en trois registres verticaux qui préfigurent les minarets du XIIe siècle, notamment la Giralda de Séville et celui de la Koutoubiyya de Marrakech. Le registre central comprend de bas en haut une porte surmontée d’un bandeau de pierre sculpté et encadrée de deux colonnes engagées ; une fenêtre en plein cintre surmontée d’un arc recti-curviligne posé sur deux colonnes engagées; une fenêtre en plein cintre; une ouverture surmontée d’un tympan à arc brisé : une ouverture aveugle en arc brisé ornée de deux départs d’arcade reposant sur un pilier central.
Les deux registres latéraux sont symétriques et ont chacun, à mi-hauteur, un défoncement en forme de niche avec au-dessus deux ouvertures aveugles en plein cintre ornées de céramique.

LE PALAIS DU MANAR

Il est composé de constructions juxtaposées. Un bàtiment central est muni d’une porte en avant-corps ornée de niches semi-cylindriques. A l’intérieur, à gauche, un escalier menait aux salles du premier étage. A droite, un couloir en chicane ouvrait sur une cour centrale bordée sur ses quatre côtés par une galerie permettant l’accès aux différentes salles. La cour était pavée de dalles blanches et les galeries de briques rouges posées sur champ.
A l’est, un bàtiment comprenait une salle dallée de marbre dont le mur ouest était orné d’une fresque ou motifs floraux et épigraphiques s’associaient harmonieusement. Cette salle offrait une très belle vue sur l’oued Fredj. Au nord, un bàtiment se composait de trois ensembles de constructions comprenant plusieurs pièces et cours dallées. A l’ouest, un bàtiment était organisé autour d’une grande cour dallée de marbre, agrémentée d’un très beau bassin de pierre orné de quatre lions. Les portiques et les pièces étaient décorés de carreaux de céramique de forme hexagonale.

LE DONJON DU MANAR

Bàti au bord de la falaise qui surplombe l’oued Fredj, le donjon du Manar se présente sous la forme d’une tour de plan carré de 20 m de côté, dont les faces sont ornées de niches semi-cylindriques surmontées d’une demi-coupole. A l’intérieur, une rampe en pente douce voûtée en berceau tourne autour d’un noyau carré de 10 m de côté et conduit à une terrasse.
Deux salles superposées constituaient cet édifice. La salle supérieure était de plan cruciforme et on y a trouvé des colonnettes en marbre. Elle servait probablement de salle d’apparat et d’audience au souverain.
Par une poterne dominant l’à-pic, on accédait à une salle en sous-sol ayant fonction de magasin ou de prison. Le style de cette construction n’est pas sans rappeler la ville de Mahdia en Tunisie et le palais de la Qubba à Palerme. en Sicile.

LE PALAIS DU SALUT

Ce palais se trouve à proximité de Bab al Djenan. Fouillé par l.ucien Golvin dans les années 1950, il aurait eu les mêmes dimensions que le palais du Lac. La partie exhumée montre une cour carrée de 15 m de côté dallée de pierres plates, autour de laquelle se répartissaient des salles dont l’une ouvrait sur une porte monumentale donnant accès sur une antichambre et une salle d’audience. Des silos en céramique ont été trouvés dans la cour. Selon Golvin, l’entrée du palais se trouvait du côté sud alors que la salle d’apparat ainsi que les appartements et les bains étaient au nord. Toujours d’après Golvin, le dispositif de ce palais rappellerait celui de Achir, berceau de la dynastie.

LE PALAIS DU LAC (DAR EL BAHAR)

[SinglePic not found]Dans les sources écrites, il est aussi appelé le palais des Emirs ou palais du Gouvernement. Il s’agit du plus beau des palais et du plus important découvert à ce jour à la Qal’a. Il a été agrandi en fonction des besoins des monarques qui s’y sont succédé. Cela explique l’orientation multiple des ensembles.
D’une longueur de 250 m sur 160 m de large, ses murs d’enceinte mesurent 2,40 m d’épaisseur. Les parties fouillées montrent de nombreuses salles avec des murs et des sols décorés de marbre, de brique et de céramique.
[SinglePic not found] La partie du complexe orientée est-ouest comprenait un certain nombre de vastes salles agencées autour d’un grand bassin de 64 m sur 45 m. Ce lac artificiel, bordé d’une galerie à portiques, servait, selon les chroniqueurs, à l’organisation de joutes nautiques. Les techniques de construction de ce bassin seront reprises plus tard, au XIVe siècle, dans le palais de l’Alhambra à Grenade.
Les parties supérieures du palais, composées de trois groupes de bàtiments, ont été interprétées par de Beylié comme des édifices palatiaux équipés de citernes, abritant les appartements privés de l’émir et les logements des serviteurs.
Les historiens de l’art et les archéologues ont étudié les caractères de cette architecture et pensent que la Qal’a reflète des influences del’Art sassanide d’Iran (Firuz Abad) et d’Egypte (mosquées al-Aqmar et al-Hakim). Georges Marçais soutenait pour sa part que l’art de la Sicile musulmane portait directement les influences de l’art Hammadide. Il comparait le donjon du Manar à la Torre di Santa Ninfa et au palais de la Ziza à Palerme.
La vie artistique et intellectuelle était intense clans la capitale Hammadide, surtout après la prise de Kairouan par les Hilaliens. La ville s’était dotée d’une industrie prospère, animée par des multitudes d’artisans, tisserands, joailliers, céramistes réputés, charpentiers, menuisiers… Elle attira aussi les savants, les poètes et les docteurs en théologie, comme le poète et savant Abû al Fadhl al Nahwi qui mourut en 1119. Al Nahwi donna son nom au petit village construit autour de son tombeau, au sud-ouest de la Grande Mosquée. Après avoir séjourné en Orient ou il aurait été un disciple de Ghazali. il se rendit dans diverses villes du Maghreb, notamment à Sijilmassa, ou il enseigna le droit et la religion, puis à Fès, ou il prêcha à la mosquée. On sait qu’il eut un disciple en la personne du Qadhi Abu ‘lmran Mûsa ibn Hammad al Sanhadji, un membre éminent de la famille régnante. C’est aussi le cas de l’historien lbn Hammad qui étudia d’abord à la Qal’a, puis à Bejaia, ou toute l’élite savante se regroupa quand les Hammadides eurent transféré leur capitale sur les rivages de la Méditerranée.
Ainsi, la civilisation Hammadide, bien qu’elle n’ait pas livré tous ses secrets puisque des pans entiers de la Qal’a n’ont pas encore été fouillés, a mis en évidence que le Maghreb central n’était pas un simple appendice des civilisations qui se développaient en Orient et en Ifriqiya. Les chroniqueurs des XIe et XIIe siècles ont mis l’accent sur le rayonnement politique, culturel et économique de la Qal’a dans un premier temps, puis de Bejaia par la suite. Le frère de Hammad, Zawi, se tailla même un fief en Espagne, avec Grenade pour capitale. Ses descendants y bàtirent une citadelle dont on peut encore voir les vestiges malgré les travaux ultérieurs entrepris par les Nasrides
Abderrahmane Khelifa. Historien archéologue : « Après presque 50 ans d’indépendance, pourquoi faire appel à des étrangers pour écrire notre histoire ? »
Pendant longtemps l’archéologie était considérée comme une science auxiliaire de l’histoire parce que confinée dans l’histoire de l’art monumental. Aujourd’hui, elle dépend de plus en plus étroitement d’une multitude de sciences dont elle tend à adopter de plus en plus les méthodologies : physique, chimie, biologie, économie, sciences politiques, sociologie, climatologie, etc. … En tant que science, l’archéologie est perçue, avant tout, comme un processus de synthèse, une étude des cultures humaines, un support essentiel à l’écriture de l’histoire. Cela est d’autant plus vrai pour les pays du Maghreb et particulièrement l’Algérie, où les sources écrites sont rares pour les périodes antique, médiévale. Ces sources sont avares de renseignements quand il s’agit de décrire les transformations urbaines et dans la mesure où elles ne renseignent pas sur les aspects de la vie quotidienne et de l’activité économique.

Siècles obscurs
Aussi, on aurait pu penser que, une fois l’indépendance recouvrée et la volonté d’une réécriture de l’histoire, on allait privilégier des pistes nouvelles avec la perspective d’axes fondateurs majeurs pour asseoir une identité débarrassée de la langue coloniale qui affirmait par la voix de Lucien Golvin :« L’Algérie n’a pas d’histoire propre » reprenant dans l’ introduction à son livre Le Maghreb central à l’époque des Zirides, un des justificatifs de la colonisation qui voyait dans la recherche archéologique un moyen de rétablir le pont entre Rome et la colonisation enjambant allégrement les « siècles obscurs » chers à Félix Gautier. Ce ne fut d’ailleurs pas un hasard si la direction des antiquités dépendait directement du Gouverneur général (ministère de l’Intérieur) et si à l’Indépendance on ne trouvait les Algériens qu’aux postes de gardien de musée ou de sites.

Paradoxalement, cette idée fut reprise par nombre d’Algériens qui considèrent que les sites antiques sont étrangers à notre identité faisant de leurs habitants comme Apulée de Madaure, Augustin de Thagaste, Fronton de Cirta, Optat de Milev, des étrangers à leur pays, alors qu’ils se revendiquaient tous « Afri sum » (je suis Africain). Si nous nous référons au siècle dernier, nous constatons que la connaissance de l’Afrique antique et médiévale a progressé grâce à l’archéologie, l’épigraphie et la numismatique qui ont révélé des structures urbaines nouvelles et des dizaines de milliers d’inscriptions qui ont éclairé de façon éclatante une histoire faite d’événements, de révoltes, mais aussi de vie sociale et urbaine et ce dans les coins les plus reculés de nos campagnes même si certaines conclusions étaient biaisées.

Compétences locales infimes
Les fouilles effectuées ces cinquante dernières années montrent qu’une génération d’archéologues algériens a entrepris des travaux dans différents sites et périodes : Tipasa, Tébessa, les Djeddars, Sétif, Lambèse, Cherchell, la Qal’a des Béni Hammad, Tlemcen- Agadir, Honaïne, Achir, sans compter les fouilles préhistoriques qui sont tout aussi nombreuses : Tin Anakaten, Afalou, Ngaous, Mankhour, etc. qui firent l’objet de publications dans Lybica ou le Bulletin d’archéologie algérienne qui malheureusement ne paraît plus… faute d’articles scientifiques.

Cette capitalisation d’un savoir-faire peut nous faire poser la question de savoir si, après environ un demi-siècle d’indépendance, nous sommes en mesure de diriger des chantiers de fouilles. Et paradoxalement, nous demander aussi pourquoi faire appel à des étrangers pour écrire notre histoire. Pourtant l’existence de numismates, d’experts en mosaïques, d’épigraphistes, de céramologues et de dessinateurs devrait pousser les responsables à employer les compétences locales même si elles sont infimes. L’exemple de la place des Martyrs est suffisamment édifiant à ce sujet. Faut-il dans ce cas poursuivre ou revoir la formation des archéologues à l’institut d’Archéologie lequel sort chaque année des promotions de dizaines d’archéologues depuis les années 90 si ces derniers sont dans l’incapacité de travailler valablement sur un chantier de fouilles.

Ainsi, nous ne pouvons pas dire que l’archéologie est un vecteur essentiel dans la recherche de notre identité. La preuve ? Les circonscriptions archéologiques ne sont plus opérationnelles puisqu’elles ont été supprimées par des bureaucrates qui n’ont jamais mis les pieds sur un chantier de fouilles sous le mauvais prétexte qu’elles faisaient partie de l’ancien découpage colonial… Les constructeurs peuvent en toute quiétude démolir des pans entiers de notre identité et faire passer l’autoroute sur des dolmens ou des structures archéologiques antiques !

Source: EL WATAN du 14.05.2010

CAHIER SPÉCIAL Le 21 août 2004 à 1h50

La Casbah d'Alger labyrinthe éreinté

SÉRIEMéprisé par les autorités, fantasmé par les étrangers, ce quartier, héros de l'indépendance, tombe en déliquescence.
Commenter
Par AUBENAS FLORENCE
C'était le défi qu'ils se lançaient pour se prouver qu'ils n'avaient pas froid aux yeux, les jeunes gens bien nés de l'Alger colonial, c'est-à-dire nés français. Il fallait traverser la Casbah, de haut en bas. Enfiler ces ruelles sombres même en plein midi, cette alternance incompréhensible de placettes ­ parfois désertes, parfois bondées ­, plonger dans cet inconnu fait d'encorbellements délicats, de marches boiteuses, de brusques échappées vers des patios, cet enchevêtrement de pauvreté et d'élégance, de rigorisme et de fripouillerie. Dévaler les escaliers, ceux qu'on voit dans Pépé le Moko et qui, autant que les peintres orientalistes, lui ont taillé cette réputation de «pittoresque», entre l'éclat des soieries et l'éclair des couteaux. Arriver à bout de souffle vers la Basse-Casbah, un peu sanctuaire, un peu bordel. Passer les fumeries de haschich. Puis le Sphinx, maison de luxe, la plus sélect, où l'on s'offre aussi bien une Marseillaise qu'une musulmane. Quand paraissent les marchands de sardines, ça y est. Gagné. On allait boire l'anisette place Clemenceau, dans les quartiers fréquentables de la ville européenne.
Après le début de l'insurrection, en 1954, ne se risquent plus dans la Casbah que quelques journalistes de l'Echo d'Alger, persuadés que le pouls de la guerre se tâte là. Jusqu'au jour où l'un d'eux y est assassiné : il était l'un des seuls Français à y habiter. Alors on n'y voit plus que les paras de Bigeard. Ils vont finir par la gagner, mais au prix fort, la Casbah et la bataille d'Alger. Bilan : 4 000 disparus.
A portée de fantasme. Paradoxalement, cette Casbah où la France n'allait pas, où elle ne s'est jamais sentie à l'aise, qu'elle a voulu raser dix fois pour tracer un viaduc, reste l'un des rares rêves qu'elle aime à agiter quand on lui parle d'Orient. «Casbah», comme une des seules nostalgies avouables des colonies parce qu'elle se laisse excuser de culture, d'érudition, de bienveillance hautaine pour les vestiges des palais turcs. «Casbah», comme cette indécrottable litanie des kawa, des souk, des salamalec pour ponctuer les conversations de bistrot. «Casbah» comme un ailleurs à portée de fantasme, un dépaysement disponible, quelque part entre Pierre Loti et les boutiques d'aéroport. «Lorsque nous recevons un visiteur français, il finit toujours par lancer : pourquoi on n'irait pas faire un tour à la Casbah ?» raconte Karim, universitaire à Alger. Suit alors un silence gêné. La Casbah ? Mais qu'est-ce qu'on irait voir là-bas ? «C'est un dépôt d'ordures, la zone, un quartier de malheur.»
A l'indépendance, sitôt les colons sur les bateaux, c'est la ruée à Alger. 80 % des habitants quittent la citadelle musulmane pour s'installer dans les 400 000 «biens vacants» sur les hauteurs de la ville, avec douche, électricité, parfois même téléphone. «Il y avait aussi la mentalité de l'époque : si les Européens vivaient là, c'est que c'était forcément mieux, dit Nacera Mellah, une architecte. La mécanique de promotion sociale voulait qu'on quitte la Casbah dès que possible.»
Déserté à son tour, le quartier va lui aussi être réoccupé. S'y déversent, en plein coeur de la capitale, les campagnards poussés par la guerre et l'exode rural. Au ministère de l'Urbanisme, Mohamed ben Gherabi explique que la Casbah se transforme en «un grand de centre de transit où on s'empile en attendant mieux». Pas de travail. Peu d'espoir d'en décrocher (lire ci-contre). De toute manière, elle est mal vue, la Casbah, par les autorités. «L'histoire officielle a toujours nié l'existence d'une résistance intérieure (pendant la bataille d'Alger, ndlr), martelant que ceux des villes étaient des collaborateurs, poursuit Ben Gherabi. Les commémorations ne prennent en compte que les faits d'armes du Constantinois ou des Aurès, glorifient uniquement les paysans. Ce n'est pas un hasard si c'est un Italien, et pas un Algérien, qui a tourné le seul film sur la bataille d'Alger.»
Trafic immobilier. Dans cette Casbah marginalisée, les maisons commencent à s'effriter. Construites en terre, sans fondations, adossées les unes aux autres comme un château de cartes, elles nécessitent un entretien particulier que maîtrisent mal leurs nouveaux occupants. Les fontaines, par exemple, étaient proscrites des bâtiments pour éviter de fatales infiltrations. On va y brancher l'eau courante, à la sauvage, sans précaution. Les ordures ramassées à dos d'âne devaient être sorties à des heures précises. Elles croupissent désormais dans chaque recoin. En 1985, une maison s'écroule, début d'une série d'effondrements qui dure encore. De sous les gravats, on sort le cadavre d'une enfant. Alors se déclenchent des émeutes, les premières de l'Algérie indépendante, signe avant-coureur de la cassure avec le régime.
Un programme de «recasement d'urgence» tente d'apaiser le climat. Il va le chauffer davantage. Les habitants de rues entières sont embarqués à l'aube dans des camions militaires pour être relogés dans des cités, à 50 kilomètres d'Alger. Mais c'est à la misère qu'on tente de faire la course. Chaque maison évacuée, même la plus dangereuse, est réoccupée la nuit même par de plus pauvres encore. Le trafic immobilier effréné augmente le sentiment d'injustice : 1 800 logements auraient été construits pour recaser ceux de la Casbah. Seul un cinquième leur aurait été attribué. Le reste ? Volatilisé. Au sommet de l'ancienne médina, le palais des Dey fut longtemps squatté. Il est en restauration depuis un nombre d'années que nul n'ose plus compter. Abderrahmane Khelifa, l'un des plus prestigieux conservateurs du pays : «Il faudrait seulement 100 millions de dinars (1 million d'euros), soit la moitié d'un stade, mais surtout une volonté politique. A travers ce palais, c'est nous-mêmes qui partons à l'abandon.»
En 1992, quand le régime accepte enfin que l'Unesco classe le site «patrimoine mondial», il est trop tard. La Casbah s'est refaite poudrière, trente ans après l'indépendance. Vote protestataire plus que religieux, le Front islamique du salut (FIS) a remporté 90 % des voix. «Pour la première fois de notre vie et peut-être la seule, nous faisions peur aux autorités», se souvient un commerçant. Et l'histoire semble recommencer. Le pouvoir algérien aussi va finir par la gagner, sa bataille d'Alger. Là encore au prix fort. Dans la Casbah, on ne rencontre aujourd'hui que des vieillards et des enfants. Effacée, toute une classe d'âge. Les quelques survivants, entre 20 et 40 ans, ressemblent à des fantômes avec des yeux de fous. Couvre-feu, ratissages, mitraillettes. «La police venait la nuit. Toutes les nuits», dit Mourad, torturé pendant trois mois.
«Poussière». 15 000 maisons avant la colonisation, 8 000 au tournant du XIXe siècle, 800 aujourd'hui, dont «500 très dégradées», selon Houria Bouhired, de l'association SOS-Casbah. Grâce à elle, des aides publiques devraient soutenir ceux qui veulent retaper leur patrimoine. L'autre jour, Hamid, journaliste algérois, a voulu retourner à la maison de ses grands-parents. Pourquoi ne pas la reconstruire ? Elle est là-bas, dans cette ruelle en fer à cheval. Il en est sûr. Mais le voilà dans une impasse. Des rangées entières de maisons se sont comme effacées, éboulées. Hamid se perd. Revient sur ses pas. Cherche encore. La demeure familiale n'est plus là. Il veut demander au voisin. L'homme aussi a disparu. Relogé quelque part ? Mort dans quelque prison ? Parti ailleurs ? On fait cercle autour du jeune homme. «Va-t'en. Il n'y a plus ici que poussière.» Alors, de haut en bas, Hamid dévale la Casbah.
photos Bruno Boudjelal

De nouvelles découvertes sur Constantine ne sont pas exclues»

Said to be the Tomb of Massinissa, King of Num...
Tomb of Massinissa
En attendant un nouveau livre sur Tlemcen et un Atlas des villes algériennes qu’il est en train de préparer, Abderrahmane Khelifa vient de publier chez Colorset un beau livre sur Cirta-Constantine, la cité céleste.

-Le livre sur Constantine que vous venez de publier chez Colorset s’adresse-t-il aux amoureux connaisseurs de la ville ou en propose-t-il une initiation, une découverte ?
Ce livre s’inscrit dans la lignée des précédents déjà parus (El Djazaïr Beni Mazghanna, Honaïne, ancien port du royaume de Tlemcen). Il se veut une histoire de la ville. Bien sûr les Constantinois sont concernés au premier chef par ce livre dans la mesure où il raconte l’histoire d’une ville qui est la leur et dont ils peuvent être fiers. Les monuments cités ou les quartiers ont une consonance particulière dans l’imaginaire des Constantinois quand on évoque Salah Bey, Bab El Kantara, Bab El Djabia Souika ou la Brèche. Mais le livre est écrit dans une logique plus large, qui consiste à faire découvrir la ville qui, par son histoire, a contribué à une histoire plus large au niveau de la région, mais également au niveau national.
La ville a été la capitale d’un des plus grands rois que l’Afrique du Nord ait connus en la personne de Massinissa. Ici, le superlatif n’est pas de trop, même si l’historien se doit de mesurer ses propos. La ville a aussi donné un Jugurtha qui a été pour les Algériens, pour ne pas dire les Nord-Africains, un symbole de résistance. Donc, mon livre retrace une histoire urbaine qui peut être élargie, car elle a impliqué de par son importance d’autres régions, par exemple à l’époque de la Confédération cirtéenne.
Voir

CONFERENCE AU PALAIS DE LA CULTURE

L’Algérie, carrefour des civilisations

Par 
Taille du texte : Decrease font Enlarge font
«Regards croisés sur l’Algérie et sa culture millénaire» est le thème soulevé lors de cette amicale rencontre...
«On a voulu cette conférence pour montrer aux Français que l´Algérien est un être multiple et complexe riche de plusieurs civilisations. L´Algérie n´est pas un pays nouveau, un pays neuf, ses racines remontent très loin dans le passé», nous a confié M.Abderrahmane Khelifa, archéologue et chef de département du patrimoine. C´est autour de ce sujet qu´une conférence a été organisée avant-hier au Palais de la culture Moudfi-Zakaria. C´est à l´occasion du deuxième anniversaire de l´ouverture du cabinat BDO Gendrot-Eldjama membre de BDO, 5e Réseau mondial d´audit et conseil que M.Noureddine Guehria, président de l´Association des amis du patrimoine, M.Michel Triballeau, directeur général de BDO Gendort-Eldjama, audit et conseil et M. Belaïd Eldjama, associé et M.Mahfoud Lafer, directeur délégué ont initié cette riche conférence qui fait suite aux différentes expositions qui ont eu lieu dans le cadre de l´Année de l´Algérie en France autour du patrimoine algérien. Intitulée «Regards croisés sur l´Algérie et sa culture millénaire», les conférenciers, à savoir Abderrahmane Khelifa, Jean Caron, philosophe ancien élève de l´ENS ULM, agrégé de l´université et Pierre Stragiotti, géographe, agrégé de l´université, chargé des cours à l´Institut d´études politiques de Paris, avec comme modérateur Leila Boukli, directeur la chaîne III, se sont attelés à expliquer, projection de diapositives à l´appui, la profondeur historique de l´Algérie qui remonte à la civilisation de Aïn Hnech, c´est-à-dire à 2 millions d´années. La conférence, déclinée en trois temps, les conférenciers se sont employés à présenter d´abord les racines de l´Algérie et son espace investi par des gens qui sont venus de l´Orient, de l´Occident, du Nord...et qui ont enrichi le Maghreb, le Nord africain. L´Algérie a en effet connu les Phéniciens, les Romains, les Vandales, les Byzantins, les Musulmans, les Ottomans et les Français. On peut retrouver les traces de leur passage à travers nos monuments et objets historiques comme témoignage indélébile de cette culture millénaire. Une culture sur laquelle l´autre a porté un regard, au départ inquisiteur, de conquête, puis admiratif (peintres orientalalistes) et enfin empreint d´altérité. La période coloniale de l´Algérie aura un grave incident sur sa géographie. «Son espace sera retourné». 900 villas sont détruites. La ville est démolie. Il ne reste comme témoignage que le Bastion 23. Le colonisateur porte un regard de saisie et de capture. En détruisant les sites, il veut apporter sa «propre civilisation». Enfin à l´indépendance, l´Algérie tente de se réapproprier son espace à travers le recollement de ses identités. L´Algérie nouvelle a besoin de se moderniser tout en gardant son authenticité. Difficile, car la ville connaît une urbanisation croissante et anarchique. L´Algérie est au croisement de plusieurs influences. Sa richesse peut-être. Le géographe parle du Corbusier et de «Fernand Pouillon qui travaille pour l´Algérien modeste, redonne une dignité profonde au peuple». Une phrase qui mettra tout de même mal à l´aise un auditeur français dans la salle. Puis il est question de la rénovation de la Grande poste comme exemple. «Symbole, dira-t-il, de l´Algérie qui accepte de se réapproprier une partie de son histoire avec laquelle elle existe et fait face aux autres dans une dimension de respect parfait». M.Khelifa fera remarquer enfin: «Nous avons intégré entièrement notre histoire». Passionné et volubile lorsqu´il s´agit de parler du patrimoine, particulièrement algérien, ce dernier insiste sur le fait que les Algériens doivent connaître leur histoire. «A l´Institut du monde arabe, les Français étaient étonnés devant la beauté et la diversité des objets que nous avons dans nos Musées. Ils appartiennent à toutes ces civilisations qui sont venues et qui sont restées ici».