mercredi 13 juin 2018

La caravane d’Artissimo vers la destination de “l’histoire de lieux et l’histoire de vies” a fait une halte à l’escale “spiritualité”, où les habitués du cycle de conférences d’Artissimo attendaient l’écrivaine Zoubeida Mameria qui revenait d’un Voyage au bout du délire (éd. Alpha 2011), où l’avait accompagnée l’historien et archéologue Abderrahmane Khélifa et Mohamed Atbi, juriste et directeur de collections aux éditions Librairie de philosophie et du soufisme. Emmenée à l’allure du zéphyr par la guide Zafira Ouartsi Baba, l’itinéraire augurait ce mois de juin d’une conférence-débat sur l’Alger mystique dans le genre sahra-bivouac aux abords de m’qem de Sidi-Abderrahmane Ethâalibi, ce saint qui veille de sa sainte garde sur El Djazaïr des Béni Mezghenna. Et, lors de la ziara (visite), l’auditoire s’est recueilli au dahir (mausolée) où gît le saint Sidi-Ouali Dada qui, selon la légende, implora la fureur des flots afin d’engloutir l’armada de l’empereur Charles Quint (1500-1558) lors de l’attaque contre El-Djazaïr en l’an 1541. Rassurants qu’ils étaient, la population y trouvait refuge auprès du saint Ouali Dada, eu égard à son âme de résistant aux côtés de Sidi Bouguedour ou l’homme aux marmites, a-t-on su d’Abderrahmane Khélifa. “Sidi Ouali Dada s’était aventuré en mer au plus fort de la bataille. Sourd à la fureur des canons, Sidi Ouali Dada fendaient les flots à l’aide de son bâton de pèlerin jusqu’à ce que la houle engloutit de par le fond, la flotte de Charles Quint,  qui échoua sur les rives de l’actuel Mohamed-Belouizdad (ex-Belcourt) et sur le rivage d’El Harrach.” Pendant ce temps, et pour chaque cruche de cassée par le saint Sidi Bouguedour, une frégate s’échouait contre le fracas des récifs d’El-Djazaïr qui accéda ainsi au statut d’El Mahroussa (la bien gardée), a déclaré l’auteur d’Alger : histoire et patrimoine (2010). Et depuis, la vox populi y allait de son rajout à une légende où le miraculeux avait triomphé de la puissante force armée de la chrétienté ! Et l’instant envoûtant mais succinct d’une intervention, Abderrahmane Khélifa a feuilleté pour l’assistance, son livre L’histoire d’El-Djazaïr, où le rituel du sel de Sidi H’lal et l’épopée du saint Sidi M’hamed dit Bouqebrine ou l’homme aux deux tombeaux et fondateur de la tariqa rahmania envoûta l’auditoire. Du reste, l’auteure de Fragments d'histoire et brins de croyance (éd. Apic 2011) a déclaré que l’être humain est faible et ressent la fausse “impérieuse” nécessité d’être assuré à l’aide du cérémonial de l’encens, de la lueur de la bougie et du fétiche de la khamsa ou l’œil de Fatma qui ne lui sont d’aucun secours, en réalité. Donc, autant s’en remettre à Dieu, car “Dieu est lumière ! Dieu est amour !”, a martelé Zoubeida Mameria. Ceci dit, l’oratrice s’enchante d’une qaâda à Sidi Abderrahmane, d’abord pour l’esthétique du bâti et la tranquillité des lieux, mais jamais pour y prier. Du reste, nos saints et nos traditions demeurent scellés à l’islam de nos parents, source de tolérance où le vivre-ensemble n’est pas un slogan creux. À ce sujet, Mohamed Atbi a déclaré : “Le tassaouf  (soufisme) symbolise l’accession vers l'élévation spirituelle de l'âme, notamment de nos jours, où l’islam est l’objet de tourments qu’a engendré l’illusionnisme de charlatans de tout acabit. D’où l’optique de la quête de l’amour pour Dieu, l’acceptation de l’autre et son prochain quelles que soient nos différences. Ce n’est qu’à cette condition que l’on abolira enfin l’ignorance et accéder ainsi au savoir ainsi qu’au savoir-vivre dans la paix et la bonne humeur.” De telles rencontres, les curieux de l’art en redemandent.
Louhal Nourreddin