dimanche 26 avril 2015

dimanche 26 avril 2015 15:59:33
Ph: Nacéra
L’historien archéologue algérien, Abderrahmane Khelifa, a animé, mercredi dernier au palais de la Culture Moufdi-Zakaria, une conférence intitulée «Cirta, Constantine la capitale céleste». Dans le cadre du Mois du patrimoine, l’interlocuteur est revenu sur la riche histoire de Constantine, carrefour des civilisations et l’une des plus anciennes cités au monde.
Tout en insistant sur l’historique de la Casbah de Constantine, cœur historique de la ville, classé depuis 1990 patrimoine national, le conférencier a regretté qu’un tel pan d’histoire ne soit pas exploité sur le plan touristique. « La Casbah ou la médina de Constantine a été le siège de Massinissa. Elle a abrité le palais des Hamadites, des Al Mohad et des Hafsides… Juste après l’invasion française, elle a été occupée par l’armée française et une caserne de l’armée algérienne s’y trouve actuellement », a-t-il fait savoir.
Le conférencier a narré chronologiquement les périodes phares de l’histoire de l’ex-Cirta, à commencer par la préhistoire et la protohistoire, affirmant que Constantine a été habitée -10.000 ans avant JC. Ayant réagit sur une violation des vestiges culturels, Abderrahmane Khelifa a déploré le fait que le projet de l’autoroute Est-Ouest ait laminé bon nombre de dolmens à l’est algérien aux régions limitrophes à Constantine. « Les dolmens sont des constructions mégalithiques préhistoriques constituées d'une ou plusieurs grosses dalles de couverture posées sur des pierres verticales qui lui servent de pieds. Je regrette que certains d’entre eux aient été laminés pour construire l’autoroute », a-t-il déploré.
L’interlocuteur s’est longuement, étalé sur l’hospitalité de la ville qui a été, pendant des siècles, une destination incontournable et inévitable de tous les passants par l’Afrique du Nord. « Saint Augustin est passé par Cirta et une centaine de poètes et grands artistes ont séjourné à Constantine. C’était une ville florissante, un carrefour de civilisations et une ville aux valeurs de la citadinité », a-t-il noté avant d’affirmer que Cirta était une ville économique par excellence, et que les Romains et les Ibériques passaient par la ville pour de grands échanges commerciaux.
Au volet linguistique, Abderrahmane Khelifa a affirmé que Constantine a toujours été trilingue et qu’elle répond aux particularités du Nord-Africain qui excelle à l’apprentissage des langues étrangères. « Constantine parlait amazigh, on a trouvé d’ailleurs l’écriture libyque des autochtones nord-africains, elle a parlé par la suite punique, grecque latin, arabe et français. C’est une empreinte nord-africaine d’apprendre la langue d’autrui pour mieux le combattre », a-t-il précisé avant de relever que Cirta était païenne, puis juive, chrétienne, orthodoxe avec les Byzantins avant de se convertir à l’islam à la fin du XIIe siècle. Le conférencier a précisé que le Numide a parlé toutes ces langues et connu toutes ces religions à travers les siècles tout en restant toujours le même.
Par ailleurs, le conférencier a mis l’accent sur l’élevage du « cheval de barbe » (race de cheval nord-africaine connu pour sa puissance, ndlr) qui faisait l’un des points forts de la ville de Constantine et de ses alentours. « Le cheval de barbe a été retrouvé sur l’effigie de la monnaie de l’ex-Cirta. Connu pour sa résistance et son endurance, il a été d’un grand secours pour Hannibal lorsqu’il a défié Rome en traversant l’Europe. Oqba Ibn Nafae a fait usage de ses chevaux lorsqu’il est passé par Khenchela avant d’écrire que c’est une race extraordinaire pour les chevaliers », a-t-il précisé. Lors de l’invasion de l’armée française, Constantine était une ville riche de vestiges et de patrimoine archéologique. L’interlocuteur a affirmé qu’elle comportait plus de 850 stèles, dont plus de 150 ont été transférées au musée du Louvre de Paris, des œuvres qu’il faudrait récupérer un beau jour.       
Kader Bentounès
  • Publié dans :

dimanche 12 avril 2015

Conférence historique animée par Abderahmane Khelifa : « Alger la bien-gardée ville cosmopolite du XVIe siècle »

Dans le cadre de la journée internationale du livre, le centre culturel espagnol d’Alger «Cervantès» a abrité, hier matin, une conférence historique animée par l’historien archéologue Abderrahmane Khelifa qui a eu lieu en présence de l’ambassadeur de l’Espagne en Algérie et d’un parterre de journalistes et universitaires.
PUBLIE LE : 12-04-2015 | 0:00
Ph. : Y. Cheurfi
Dans le cadre de la journée internationale du livre, le centre culturel espagnol d’Alger «Cervantès» a abrité, hier matin, une conférence historique animée par l’historien archéologue Abderrahmane Khelifa qui a eu lieu en présence de l’ambassadeur de l’Espagne en Algérie et d’un parterre de journalistes et universitaires. Cette conférence a porté sur une importante thématique à savoir «Alger à l’époque de Miguel De Cervantès 1575-1580». De prime abord le conférencier s’est longuement étalé sur l’historique de  «la capitale du Maghreb ; la bien-gardée» , tout en insistant sur les relations algéro-espagnoles à travers les siècles. «Les relations entre la rive nord de la Méditerranée et la péninsule ibérique remonte à plus de 12.000 ans, souligne-t-il. Et d’ajouter «plusieurs écrits historiques témoignent des relations entre les deux rives, à  l’exemple d’une bataille qui a eu lieu en 202 avant JC, lorsque des cavaliers ibériques ont combattu sous la bannière de Syphax», a-t-il fait savoir.
L’orateur n’a pas omis de mettre en exergue la polémique sur l’auteur du livre La topographie d’Alger, dont certains affirment qu’il est l’œuvre de Monnerot Haëdo et d’autres l’attribuent au Docteur Sosa.
M. Abderahmane Khelifa a estimé que des écrits prouvent que c’est Miguel De Cervantès qui en est l’auteur. «Miguel De Cervantès a été captivé à Alger pendant cinq ans, il a fait une description très exacte de la défense d’Alger et de ses cinq portes. Ce qui a servi d’ailleurs de leçon après la vaine tentative de Charles Quint en 1541 pour conquérir la ville d’Alger», a-t-il noté.
Saisissant cette occasion, le conférencier a lu des extraits du livre témoignant l’hospitalité et la tolérance de la ville d’Alger à la fin du Moyen Age et au début de l’époque contemporaine. «Alger était une ville cosmopolite et très accueillante. C’était la ville la plus ouverte de la Méditerranée et les gens venaient de partout pour faire fortune. C’était facile de gravir les grades du pouvoir lorsqu’on est étranger, il suffisait juste d’être converti à l’Islam», a notamment indiqué Abderahmmane Khelifa.
    Kader Bentounès