mardi 20 décembre 2011


17.06.2010

Honaïne, ancien port du royaume de Tlemcen

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"Honaïne, ancien port du royaume de Tlemcen"
De Abderahmane Khelifa

Par Sabrina Denine

Honaïne, ancien port du royaume de Tlemcen Honaïne, ses habitants vous diront de prononcer “H'naïne”, escale phénicienne et cité numide, abritait le plus important port de la région qui était aussi celui de Tlemcen au XIIIe siècle est mise à l'honneur dans cet ouvrage magnifique signé Abderahmane Khelifa, archéologue et historien, publié aux éditions Dalimen. L'ouvrage rappelle que ce petit port de pêche à l'ouest du pays fut la voie méditerranéenne pour le commerce avec Tafilalet et l'ancien Soudan. Aujourd'hui, des remparts, des tours, un petit musée témoignent de la ville kharedjite.
Le livre, véritable ouvrage d'art, accentue l'aspect historique du thème. Style gothique sur papier façon parchemin, lettrine ornementale, accompagnent de splendides photos et des cartes anciennes. L'auteur revient avec force détails géographique, faunistiques et historiques sur la sublime région des Traras qui abrite cette petite ville au passé prestigieux. Avant son appellation de Honaine, elle se nomma Artisiga et Gypasaria.

Un passé prestigieux

L'auteur nous y apprend que Honaïne est présente dans divers écrits anciens tels que ceux des historiens El Bekri et El Idrissi. L'Emir Abdelkader y a livré "la fameuse bataille" de Sidi Brahim. Situé au centre de la partie littorale du Massif des Traras, c'est un carrefour entre le Maghreb central et le Maghreb extrême avant de devenir aussi un point de passage privilégié sur l'axe nord sud, soit entre la péninsule ibérique et la profondeur continentale de l'Afrique. Ce site médiéval abrite des monuments historiques tels que la casbah, plus connue sous le nom de "Dar Essoltane", mais aussi les remparts, Bordj El Bahri, et une tour de guet. Autant de vestiges, aujourd'hui à l'abandon, qui rappellent que cette cité a sombré dans l'oubli après avoir connu la prospérité et la notoriété. Elle a été occupée par les Espagnols, en 1531, et détruite en 1535.

Dans son avant-propos, Abderahmane Khelifa relate les circonstances qui l'ont amené il y a près de quarante ans sur le site. " Lorsqu'en 1970, j'avais été chargé par le service des antiquités algériennes de faire une mission à Honaïne, je ne me doutais pas que j'allais consacrer une bonne partie de mon temps à l'étude de ce site dont il restait quelques vestiges en place ". L'historien reconstitue en quatre étapes l'histoire de Honaïne. La première s'étend de l'Antiquité jusqu'à l'avènement de l'Islam au Maghreb. La deuxième revient sur le règne des Almohades dont le fondateur, Abd El Moumen Ibn Ali est natif de Honaïne. La ville connaît un développement urbain et assoit sa domination politique. Puis vint l'âge d'or de Honaïne, troisième étape. A partir de 1248, la dynastie zianide s'émancipe des almohades en déclin, le port se développe considérablement et devient une plaque tournante du triangle Maghreb-Afrique-Méditerranée. C'est son apogée. La dernière étape revient sur la prise de Grenade en 1492. La découverte du Nouveau Monde ouvre de nouveaux flux maritimes et commerciaux tandis que le monde musulman noue avec la décadence. En même temps, le trafic de l'or périclite et Alger, sous la houlette ottomane, capte l'essentiel des échanges. Honaïne connaîtra alors l'amorce de son déclin. Le livre pose avec acuité le problème de la conservation d'un patrimoine méconnu du grand publique et permet de sortir de l'ombre une région à la beauté aussi fabuleuse que sauvage. Situé à une quarantaine de kilomètres de Beni Saf, la petite ville de Honeine fut du 13ème au 16ème siècle le port de Tlemcen. Les remparts et les ruines apparentes, bien qu'elles soient totalement délaissées, témoignent de ce passé glorieux. Dans le petit port, les barques des pêcheurs, rouges, vertes, bleues se découpent sur les montagnes des Traras. Un monde à part, fait de merveilles de la nature et où le temps semble s'être arrêté. Car Honeine est un village hors du temps. Ni son caractère historique, ni ses plages sont loin, pour le moment d'être mis en valeur. La ville qui se réveille en été, est encore baignée de léthargie durant tout le reste de l'année. Ancien élève de l'ENS, docteur en histoire et archéologie, Adberrahmane Khelifa a fait de nombreuses fouilles dans les sites médiévaux de la région de Tlemcen.



« Honaïne, ancien port du royaume de Tlemcen » De Abderahmane Khelifa
Dalimen Editions 2008- 399 pages

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