mardi 20 décembre 2011

l'expression

CONFERENCE AU PALAIS DE LA CULTURE: L’Algérie, carrefour des civilisations
(L'Expression 01/03/2004) 


«Regards croisés sur l’Algérie et sa culture millénaire» est le thème soulevé lors de cette amicale rencontre...
«On a voulu cette conférence pour montrer aux Français que l’Algérien est un être multiple et complexe riche de plusieurs civilisations. L’Algérie n’est pas un pays nouveau, un pays neuf, ses racines remontent très loin dans le passé», nous a confié M.Abderrahmane Khelifa, archéologue et chef de département du patrimoine. C’est autour de ce sujet qu’une conférence a été organisée avant-hier au Palais de la culture Moudfi-Zakaria. C’est à l’occasion du deuxième anniversaire de l’ouverture du cabinat BDO Gendrot-Eldjama membre de BDO, 5e Réseau mondial d’audit et conseil que M.Noureddine Guehria, président de l’Association des amis du patrimoine, M.Michel Triballeau, directeur général de BDO Gendort-Eldjama, audit et conseil et M. Belaïd Eldjama, associé et M.Mahfoud Lafer, directeur délégué ont initié cette riche conférence qui fait suite aux différentes expositions qui ont eu lieu dans le cadre de l’Année de l’Algérie en France autour du patrimoine algérien. Intitulée «Regards croisés sur l’Algérie et sa culture millénaire», les conférenciers, à savoir Abderrahmane Khelifa, Jean Caron, philosophe ancien élève de l’ENS ULM, agrégé de l’université et Pierre Stragiotti, géographe, agrégé de l’université, chargé des cours à l’Institut d’études politiques de Paris, avec comme modérateur Leila Boukli, directeur la chaîne III, se sont attelés à expliquer, projection de diapositives à l’appui, la profondeur historique de l’Algérie qui remonte à la civilisation de Aïn Hnech, c’est-à-dire à 2 millions d’années. La conférence, déclinée en trois temps, les conférenciers se sont employés à présenter d’abord les racines de l’Algérie et son espace investi par des gens qui sont venus de l’Orient, de l’Occident, du Nord...et qui ont enrichi le Maghreb, le Nord africain. L’Algérie a en effet connu les Phéniciens, les Romains, les Vandales, les Byzantins, les Musulmans, les Ottomans et les Français. On peut retrouver les traces de leur passage à travers nos monuments et objets historiques comme témoignage indélébile de cette culture millénaire. Une culture sur laquelle l’autre a porté un regard, au départ inquisiteur, de conquête, puis admiratif (peintres orientalalistes) et enfin empreint d’altérité. La période coloniale de l’Algérie aura un grave incident sur sa géographie. «Son espace sera retourné». 900 villas sont détruites. La ville est démolie. Il ne reste comme témoignage que le Bastion 23. Le colonisateur porte un regard de saisie et de capture. En détruisant les sites, il veut apporter sa «propre civilisation». Enfin à l’indépendance, l’Algérie tente de se réapproprier son espace à travers le recollement de ses identités. L’Algérie nouvelle a besoin de se moderniser tout en gardant son authenticité. Difficile, car la ville connaît une urbanisation croissante et anarchique. L’Algérie est au croisement de plusieurs influences. Sa richesse peut-être. Le géographe parle du Corbusier et de «Fernand Pouillon qui travaille pour l’Algérien modeste, redonne une dignité profonde au peuple». Une phrase qui mettra tout de même mal à l’aise un auditeur français dans la salle. Puis il est question de la rénovation de la Grande poste comme exemple. «Symbole, dira-t-il, de l’Algérie qui accepte de se réapproprier une partie de son histoire avec laquelle elle existe et fait face aux autres dans une dimension de respect parfait». M.Khelifa fera remarquer enfin: «Nous avons intégré entièrement notre histoire». Passionné et volubile lorsqu’il s’agit de parler du patrimoine, particulièrement algérien, ce dernier insiste sur le fait que les Algériens doivent connaître leur histoire. «A l’Institut du monde arabe, les Français étaient étonnés devant la beauté et la diversité des objets que nous avons dans nos Musées. Ils appartiennent à toutes ces civilisations qui sont venues et qui sont restées ici».


O. HIND

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