mardi 20 décembre 2011


Archéologie et architecture en Méditerranée orientale (1724-1727)
Le voyage à  Constantinople
du
chevalier
de Clairac
14 - 06
8 -11
2 0 0 9L’exposition
en quelques lignes
Musée d’Archéologie, Antibes
Du dimanche 14 juin au dimanche 8 novembre 2009
Le voyage à Constantinople du chevalier de Clairac
Un carton à dessins vieux de près de trois cents ans, qui
a échappé à la destruction dans une usine à papier de
l’Isère et qui a été redécouvert aux Archives municipales
d’Antibes en 2001.
Le voyage à Constantinople du chevalier de Clairac
Une exposition de plans et dessins inédits du x v iii
e
 siècle,
réalisés par un ingénieur militaire de Louis XV lors d’un
voyage de trois ans en Turquie (1724-1727).
Le voyage à Constantinople du chevalier de Clairac
Une cinquantaine de croquis, dessins et plans divers, à la
plume et en couleur qui fournissent une documentation
exceptionnelle sur des monuments antiques de Turquie,
endommagés voire disparus depuis le x v iii
e
siècle.
Intéressants, mais anecdotiques pour le voyage aller
(Alger, Tunis, Tripoli), les dessins apportent des précisions
inédites sur les monuments d’Istanbul et permettent
surtout de tracer un tableau très précis des vestiges de
la ville antique d’Alexandrie de Troade (théâtre, thermes,
nymphée), confondue à l’époque avec Troie. Ils offrent
également un grand intérêt épigraphique.
 
L’exposition
Conception
Musée d’Archéologie, en collaboration avec les Archives
municipales
Commissariat
Éric Delaval, responsable du musée d’Archéologie
Michelle Froissard, responsable des Archives municipales
Le catalogue
Coédition Éditions Snoeck/Commune d’Antibes-musée
d’Archéologie
Edition brochée, en français ; format: 24 x 28 cm; 112 pages
20 euros TTC
Sous la direction de Jean-Pierre Laporte, chercheur associé à
l’Année épigraphique, USR 710, CNRS Paris
avec la collaboration de Éric Delaval
Auteurs
Odile Cavalier, conservateur en chef du patrimoine,
chargée des collections antiques, musée Calvet, Avignon
Thomas Drew-Bear, directeur de recherche au CNRS Paris
Frédéric Hitzel, chargé de recherche au CNRS Paris
Abderrahmane Khelifa, directeur honoraire de l’agence
nationale d’Archéologie, Alger, Algérie
André Laronde, membre de l’Institut, professeur à l’université
Paris IV-Sorbonne, centre de recherches sur la Libye
Ludovic Laugier, chargé de l’étude et de la publication des
sculptures grecques d’époque impériale du Louvre,
musée du Louvre, Paris
Ahmed Saadaoui, professeur d’histoire et d’archéologie
à la faculté des lettres, des arts et des humanités,
université de la Manouba, Tunisie
Nicole Salat, attaché d’administration, chef de la section des
archives techniques, division des archives, département de
l’armée de terre, service historique de la Défense, Paris
Fig. 1. Le portefeuille de dessins.
Photographie Jean-Pierre Laporte
Manifestation organisée dans le cadre de la Saison de la Turquie en
France (juillet 2009 – mars 2010).
La Saison de la Turquie en France bénéficie du soutien d’un comité de
mécènes présidé par Henri de Castries et constitué de  : Areva, AXA,
EADS, Total, BNP Paribas, Gras Savoye, Goupama, Groupe La Poste,
LVMH, Mazars, Publicis Groupe.
www. s a i s o n d e l a t u rq u i e . f r« Le dossier Clairac » :
découverte et redécouverte
d’un ensemble exceptionnel
Vers 1935, Jean-Baptiste Badin, ouvrier
dans une cartonnerie près de Grenoble,
découvre par hasard sous de vieux
papiers à évacuer, un carton à dessin
en toile contenant des dessins et de
petits manuscrits que son chef d’atelier
l’autorise à emporter. L’étiquette
défraîchie porte la mention manuscrite: « Plans et dessins du Voyage de
Constantinople par Messire de Clayrac,
Brigadier des armées du Roi, Ingénieur
en chef à Bergues St Winox ».
Le contenu de ce portefeuille est exceptionnel: cartes, plans, vues, dessins et
relevés épigraphiques du début du
x v iii
e
 siècle. L’ensemble constitue un
témoignage particulièrement précieux
sur les monuments d’Istanbul et les vestiges de la ville antique d’Alexandrie de
Troade (théâtre, gymnase, nymphée…).
Exceptionnelle, l’histoire du portefeuille
l’est également. Retrouvé dans les
conditions singulières évoquées plus
haut, il a été soigneusement conservé
par Charles, fils de « l’inventeur » qui,
retiré à Antibes, en a fait don aux
Archives de la Ville. Classé sous la cote
1 S Fonds Badin, le portefeuille est
ensuite « redécouvert » en 2001 par
Jean-Pierre Laporte. Chercheur associé à
l’Année épigraphique (CNRS), il a immé-
diatement saisi l’intérêt du fonds et la
nécessité de le faire connaître. Presque
trois cents ans plus tard, et même si le
portefeuille est amputé d’une partie de
ses dessins, le projet du chevalier de le
publier est désormais réalisé.
Qu’y a-t-il dans le cahier
à dessin ?
 
Des trois années passées à
Constantinople et ses environs
(1724-1727), Clairac a rapporté près
de 200 documents: cartes, plans,
croquis, dessins d’archéologie et
d’architecture, représentations de
scènes de la vie quotidienne, relevés
épigraphiques. Il en reste aujourd’hui
une centaine dont une série presque
complète sur Alexandrie de Troade.
Certaines pièces sont des documents
de travail réalisés sur les sites (Fig. 2),
d’autres des mises au net, voire des
planches prêtes pour l’impression
(Fig. 3) et de très beaux dessins à la
plume. Beaucoup sont annotées et
les listes qui les accompagnent sont
datées, ce qui a permis de reconstituer
la chronologie du voyage du chevalier.
De la vue de Tripoli de Libye (Fig. 4)
au très beau plan de l’aqueduc dit « de
Justinien » (Fig. 9), en passant par le
stupéfiant et inédit plan d’Alexandrie
de Troade et l’inattendu petit caméléon
(Fig. 5), le porte-documents du chevalier
de Clairac livre enfin ses richesses.
Le chevalier de Clairac:
un militaire et un esprit
curieux
Issu d’une famille originaire du Berry,
mais fixée à Toulouse, Louis-André de
La Mamye de Clairac (1695-1752)
commence très tôt – dès 1707 – une
carrière militaire qui le mènera jusqu’au
grade de brigadier d’infanterie en 1747.
C’est  un homme cultivé – il possède le
grec et le latin – et curieux qui
s’embarque pour l’Orient. Lors de son
voyage, il s’intéresse aux vestiges de
l’Antiquité et aussi aux scènes de la vie
quotidienne (le café au harem, un
soldat de marine, des bateaux…). Le
marquis d’Argens, rencontré sur le
bateau, et avec qui il noua une amitié
jamais démentie, évoque le chevalier en
ces termes : « Il allait à Constantinople
par curiosité ; sachant parfaitement les
mathématiques, il avait cru pouvoir
faire quelque nouvelle découverte.
L’ambassadeur, dont il était connu
depuis longtemps, l’estimait infiniment,
aussi le méritait-il. Quoi qu’il n’eut pour
lors que vingt-cinq ans, il y avait peu
d’hommes qui unissent tant de science
Pour en savoir plus
sur l’exposition
Fig. 2. Croquis de l’aqueduc venant de Zaghouan.
Archives municipales, Antibes, 1 S 4
Fig. 3. Deux vestiges de mausolées, 17 avril 1726.
Archives municipales, Antibes, 1 S 63 Fig. 4. Tripoli de Libye. Vue depuis la mer. Archives municipales, Antibes, 1 S 7
Fig. 7. Le blason de la famille
de La Mamye de Clairac.
© Lionel Sandoz, armoiries-blason.com
Fig. 6. Carte du voyage aller. © J.-P. Laporte/Studio Arfi
L’itinéraire normal des ambassadeurs était d’aller au plus vite de Toulon vers l’entrée de la mer Égée, mais le roi
avait chargé d’Andrezel de visiter au passage les régences de Barbarie, Alger, Tunis et Tripoli.
et d’esprit à tant de jugement et de
probité ». Clairac, pour lequel on ne
connaît aucun portrait, était aussi un
joyeux compagnon, qui ne dédaignait ni
le bon vin ni les conquêtes faciles, ainsi
que le relate le marquis d’Argens dans
ses Mémoires.
Le séjour à Istanbul
(septembre 1724 - janvier 1727)
Le 13 septembre 1724, les vaisseaux
du roi firent leur entrée dans la Corne
d’Or, salués par les salves de canons
tirées depuis la pointe du sérail. Le
17 octobre, l’heure est aux festivités,
avec la réception chez le sultan (Fig. 8).
Clairac devait rester à Istanbul jusqu’en
janvier 1727. Il prit le temps de se
promener et de reconnaître les rives
du Bosphore et de la mer de Marmara.
Accompagné sans doute d’un guide,
qui lui servait aussi d’interprète et, à
l’occasion, de calligraphes pour transcrire
les dédicaces de bâtiments ottomans qui
lui paraissaient intéressantes, il remplit
son portefeuille de dessins.
Fig. 5. Caméléon d’après nature. Archives municipales, Antibes, 1 S 12Clairac et les constructions
hydrauliques
À environ 25 km d’Istanbul, vers le nord, la
rive européenne du Bosphore constitue un
lieu très ombragé, au relief accidenté, où
coulent de nombreux ruisseaux alimentés par
des sources vives. Dès les premiers temps
de l’Empire romain d’Orient, il constitua un
réservoir naturel pour l’alimentation en eau
de la capitale byzantine puis ottomane. Les
eaux étaient acheminées par de larges canaux
souterrains qui enjambaient à l’occasion les
vallées à l’aide d’aqueducs gigantesques.
Au x v i
e
 siècle, sous le règne de Soliman le
Magnifique (1520-1566), le célèbre architecte
Sinan supervisa la construction de 15
nouveaux aqueducs. Ces constructions de
taille imposante suscitaient l’admiration de
nombreux voyageurs, comme en témoignent
plusieurs relevés effectués par le chevalier de
Clairac à la fin du mois d’octobre 1725 (Fig. 9).
 
Une excursion vers la Mer noire
Profitant de la douce arrière-saison, le
chevalier de Clairac entreprit la reconnaissance
du Bosphore en octobre 1725. À environ 19 km
d’Istanbul, il atteignit la vallée de Büyükdere
(« la grande vallée »). En ce début du x v iii
e
siècle, ce lieu très agréable était de plus
en plus fréquenté par les Occidentaux car il
permettait d’échapper aux chaleurs de l’été
et était à l’écart des épidémies de peste qui
frappaient régulièrement la capitale ottomane.
Clairac y découvrit un kiosque (yalı) inoccupé
(Fig. 10) et, un peu plus loin, il s’intéressa à
un phare (fener), ou fanal, situé sur la rive
européenne du Bosphore à l’embouchure de la
mer Noire (Fig. 11).
Quelques scènes de genre
Bien que formé à l’art sévère du dessin
de fortifications, le chevalier de Clairac ne
dédaigna pas dessiner quelques scènes de
genre. Son carnet conserve le dessin d’un
soldat d’infanterie (Fig. 12) et d’une scène
d’intérieur (Fig. 13).
Fig. 8. Audience de l’ambassadeur d’Andrezel chez le sultan Ahmed III, le 17 octobre 1724.
Bordeaux, musée des Beaux-Arts, inv. 5730. Photographie Lysiane Gauthier
Clairac figure, méconnaissable, parmi les personnages de la suite de l’ambassadeur.
Fig. 9. Aqueduc de Maghlova dit « aqueduc de Justinien ». Archives municipales, Antibes, 1 S 21
Cet aqueduc-pont du x v i
e
 siècle est haut de 36 m et long de 258 m.
Fig. 10.  Kiosque. Archives municipales, Antibes, 1 S 16
La vue verticale et le profil présentent un kiosque
ottoman classique avec encorbellements et
débordement de toiture formant auvent.
Les Stambouliotes s’y retrouvaient pour leurs
piques-niques ou pour discuter entre amis.
Assis sur des nattes ou des kilims, ils prenaient
le temps de boire le café tout en fumant le
narguilé ou le tchubuk, une sorte de longue pipe.
Cet art de vivre se développe au x v iii
e
 siècle.Fig. 11. Phare de Fanaraki (aujourd’hui « Rumeli feneri »). Archives municipales, Antibes, 1 S 19
Le chevalier de Clairac a pris soin de relever toutes les mesures et de visiter les lieux en détail comme
l’atteste une annotation caractéristique de la persistance des croyances et superstitions des gens de la
mer: « Petit autel en partie dans le mur sur lequel estoit autrefois une figure de St Nicolas [protecteur des
marins]. Le turc qui est concierge du fanal allume toujours une lampe en cet endroit avant d’allumer celles
du fanal, ces dernières s’esteindroient, dit-il, s’il y manquoit. »
Alexandrie de Troade
(13 - 17 avril 1726) : un dossier
archéologique unique
L’Iliade faisait partie intégrante de la
culture grecque, aussi le pèlerinage à
Troie avait été longtemps en faveur et une
imposante série de rois et d’empereurs
(Xerxès et Alexandre, Hadrien, Caracalla,
Julien encore) avaient tenu à s’incliner
devant le tombeau d’Achille. Puis
le souvenir de l’emplacement de la
ville s’était perdu. En homme cultivé,
séjournant un tant soit peu à Istanbul,
Clairac ne pouvait manquer de visiter
l’antique Troie (qui se trouvait en réalité à
une vingtaine de kilomètres au nord-nordest), que l’on situait alors à Alexandrie de
Troade).
Les ruines de la ville antique se trouvent
à 30 km au sud de l’embouchure des
Dardanelles, dans la province moderne de
Çanakkale.
47 plans – 40 sont conservés – ont
été levés en moins de quatre jours de
travail, entre le 13 et le 17 avril 1726! La
comparaison avec les vestiges en place
montre une remarquable exactitude, à
la fois d’ensemble et de détail. Le tout
fournit une documentation archéologique
extraordinaire, tant sur les monuments
publics, sur la sculpture ou encore
l’épigraphie. Certes, l’on connaissait déjà
par ailleurs de nombreux croquis, dessins
et descriptions de la ville antique par des
voyageurs européens depuis le XV
e
 siècle,
mais ils étaient souvent sommaires, avec les
mêmes citations et les mêmes monuments
(parfois sous des angles très voisins). Le
témoignage est aussi particulièrement
précieux dans la mesure où la ville
antique a continué à servir de carrière de
pierre bien longtemps après le passage
de Clairac, et où nombre de vestiges ont
disparu depuis. Il reste maintenant aux
chercheurs à l’exploiter en détail…
La ville antique (2500 m x 1500 m environ
intra muros) est installée sur un grand
plateau en pente douce vers la mer sur
laquelle elle disposait d’une vue étendue,
jusqu’à l’île de Tenedos bien visible un
peu au nord-est (Fig. 14). Son enceinte,
qui englobe une superficie de plus de
400 hectares, était munie de nombreuses
tours et de plusieurs portes. Toute la
surface est maintenant couverte, comme
au temps de Clairac, d’une forêt légère de
chênes, parsemée de quelques champs
cultivés, d’où émergent des restes de
bâtiments antiques : thermes, gymnase,
théâtre, etc. Le tout est difficile à saisir
sans plan ou sans guide.
Fig. 14. Le plateau d’Alexandrie de Troade. Au fond, l’île de Tenedos. Photographie Jean-Pierre LaporteFig. 13. Le café au harem.  Archives municipales, Antibes, 1 S 32
Dans l’angle droit de la pièce, la maîtresse de maison, richement habillée, est assise sur un sofa
couvert de coussins richement brodés et s’apprête à se saisir d’une tasse de café posée sur un plateau.
Une servante, chaussée de socques en bois, se tient debout et porte une petite corbeille de fleurs.
 À ses pieds, deux enfants font une partie de mangala. Le dessin pourrait avoir été copié d’après un
tableau du peintre valenciennois Jean-Baptiste Van Mour. Des tableaux de ce peintre, actuellement
conservés dans une collection privée, reproduisent en effet des scènes similaires.
Fig. 12. Janissaire. Archives municipales, Antibes, 1 S 31
Le plan de la ville
Un véritable tour de force
Tout en examinant au jour le jour chacun des
monuments, Clairac avait relevé des longueurs
et noté des angles et des orientations à partir
des points hauts, soigneusement transcrits dans
un cahier de relevés. Il en tira une synthèse
dans un grand plan qui porte l’indication des
points de repère utilisés et des angles de visée.
Ce plan est un véritable tour de force (Fig. 14).
Sa précision en fait certainement le document le
plus riche à exploiter pour les archéologues…
Fig. 14. Plan général de « Troye », 17 avril 1726. Archives municipales, Antibes, 1 S 66 Fig. 16. Plan du grand gymnase (« le grand palais »), 13 avril 1726. Archives municipales d’Antibes, 1 S 50
Le gymnase
Un édifice remarquable
Le bâtiment, qui servait jadis d’amer
pour les navires de passage le long de
la côte, a été naturellement remarqué
par tous les visiteurs (Fig. 16, 17, 18). À
l’époque où l’on prenait Troas pour la
Troie homérique, on l’appelait le « Palais
de Priam ». Il s’agit d’un gymnase –
l’équivalent des thermes romains –
monumental. Le plan et les dessins de
Clairac sont d’autant plus précieux qu’ils
présentent l’ensemble du bâtiment et non
pas seulement la partie centrale.
Les vestiges d’un odéon
La ville possédait un odéon dont il ne
reste aujourd’hui qu’une levée de terre
et de maçonnerie surmontant une galerie
voûtée. Heureusement, Clairac en avait
examiné et mesuré les vestiges (Fig. 19).
Tant les minutes que le plan mis au
net permettent de donner exactement
les dimensions et les dispositions. La
couleur est utilisée pour hiérarchiser
l’information. La légende subsiste dans
l’angle supérieur droit du document  :
« le rouge marque ce qui subsiste »
– ce qui est fréquent dans les règles de
dessin de l’architecture militaire –
« le noir ce qui est dégradé », le jaune
« ce qui est supposé ou ce qui est
couvert de terre ». L’application de ce
principe montre que Clairac, sans être
un spécialiste de l’architecture antique,
a poussé très loin l’observation et la
réflexion sur le monument.
Fig. 18. Face ouest du gymnase, 13 avril 1726. Archives municipales, Antibes, 1 S 49
Des vues à la plume de l’élévation des quatre faces témoignent d’un état antérieur au grand séisme qui fit tomber une
partie des superstructures centrale entre 1808 et 1810. Il n’en reste aujourd’hui que des arcs spectaculaires et aériens
qui laissent mal imaginer l’élévation massive des maçonneries du passé.
Fig. 17. Élévation actuelle du grand gymnase. Photographie Paul Veysseyre
Aujourd’hui, cet établissement est réduit à un amoncellement de gravats dont émergent des ensembles de murs et
d’arcs superbes, mais difficilement compréhensibles au premier abord. Fig. 19. L’odéon (« petit théâtre »), 15 avril 1726. Archives municipales, Antibes, 1 S 59
Fig. 20. Bains de l’époque ottomane, 13 avril 1726. Archives municipales, Antibes, 1 S 45
Fig. 21. Les bains aujourd’hui. Photographie Jean-Pierre Laporte
Naguère fort peu construits, les lieux sont maintenant occupés par une exploitation thermale moderne.
On distingue toujours la petite coupole dessinée par Clairac, coincée entre deux bâtiments récents.
Un établissement de bains
Dans un vallon au sud-est de la ville
antique, jaillissent toujours deux
sources très chaudes, l’une sulfureuse,
l’autre ferrugineuse, particulièrement
recommandées pour les maladies
de peau, les désordres nerveux, les
rhumatismes. Cette petite station
thermale n’est évoquée que très
rapidement (voire même ignorée) par
les autres voyageurs. Clairac lui a prêté
une attention particulière avec deux
dessins dont une planche préparée pour
la gravure qui montre une vue cavalière
du bain des femmes, petite construction
surmontée d’une coupole (Fig. 20 et 21).Fig. 23. Épitaphe d’une vierge d’Alexandrie de Troade, 15 avril 1726. Archives municipales, Antibes, 1 S 61
Le dessin représente une inscription chrétienne, vue à « Alexandria », restée inconnue jusqu’ici. Il s’agissait
d’une pierre tombale (ou d’un couvercle de sarcophage), dont le texte était gravé sur une grande croix axiale.
Il signalait la tombe d’une vierge nommé Euphémie, dont l’épitaphe est disposée sur le bandeau horizontal
en haut et sur la croix : « Ci-gît la très pieuse esclave du Christ la vierge Euphémie. Grâce à ses interventions,
que Dieu prenne en pitié ses frères. Seigneur, protège par ta sainte prévoyance son neveu, ton esclave. »
Cette inscription et celle d’un archiviste fournissent un complément non négligeable à l’histoire d’Alexandrie
de Troade pour l’époque chrétienne, période pour laquelle les documents se raréfient.
Fig. 22. La statue d’un poète ?, 15 avril 1726. Archives municipales, Antibes, 1 S  60
Des dessins de sculptures
disparues
Les dessins que le chevalier de Clairac
fit les 14 et 15 avril 1726 dans les
ruines de la ville ou de ses environs,
d’une précision variable mais toujours
parfaitement lisibles, permettent de
compléter avantageusement le corpus
bien mince des sculptures de la cité la
plus dynamique de Troade aux époques
hellénistique et romaine. Les vestiges
reproduits dans ces dessins ne sont
plus conservés ou tout au moins ne
sont plus repérés aujourd’hui, ni dans
les collections de musées, ni en mains
privées, ce qui rend le travail du chevalier
d’autant plus précieux !
Le dessin le plus marquant (Fig. 22),
finement hachuré pour rendre tout le
volume de son modèle, montre un homme
assis sur un siège cubique, l’épaule et
le bras gauches, le bas du torse et les
jambes drapés dans un large manteau,
les bras croisés sur les cuisses. Le
personnage est représenté âgé : ses
clavicules saillent tandis que les chairs
de ses pectoraux tendent à s’affaisser.
La tête manque, ce qui empêche toute
identification précise, mais le dessin fait
penser aux statues de philosophe et
de poète de l’époque hellénistique ou
romaine. La cité devait avoir érigé une
statue de la qualité du poète de Claros,
conservée aujourd’hui au musée d’Art et
d’Histoire d’Izmir.
Clairac et l’épigraphie
gréco-latine
Nombre de voyageurs cultivés du temps
copiaient les inscriptions latines et
grecques qu’ils rencontraient. Clairac y
mit une ardeur peu commune (Fig. 23).
De toute évidence il savait bien le grec
et le latin; la qualité de ses copies le
prouve, quand on peut les comparer
avec les copies d’autres voyageurs ou
avec les pierres elles-mêmes. Certes,
il ne tenta pas de transcrire ses textes
en minuscules, ni de les traduire ou les
commenter, comme le ferait aujourd’hui
un épigraphiste chevronné. Certes, il eut
la naïveté de dessiner les inscriptions
comme il les a vues, debout, couchées,
voire la tête en bas. Néanmoins la
précision de ses relevés en fait un témoin
digne de foi et sa contribution à la
connaissance de l’épigraphie de la région,
loin d’être anecdotique, méritera une
publication scientifique complète. Visuels presse
Cf. les figures suivantes du catalogue, reprises dans ce dossier de presse:
fig. 1, 3, 4, 9, 10, 11, 12, 13, 16, 18, 20, 22.
Les visuels de presse sont téléchargeables sur le site des musées de la ville d’Antibes
www.antibes-juanlespins.com/fr:culture:musees:archeo/actualite/index.htlm
Mot de passe: clairac
Direction des musées
Chargée de la communication et des éditions
Nathalie Radeuil
T. +33 (0)4 92 90 54 25
nathalie.radeuil@ville-antibes.fr
L’orient qui fascine…
« Je fis toutes les observations des lieux les plus élevés, et les
routes tracées sur la carte montrent les parties qu’il me fit connoître ;
je remportai d’ailleurs de ces fameuses ruines assés de desseins,
d’inscriptions, de médailles et de notes, pour en former un ouvrage
que je donnerai peut-être quelque jour au public. »
Si ce projet n’aboutit pas, Clairac le caressa jusqu’à sa mort et
conserva soigneusement les planches, en préparant même certaines
pour une éventuelle gravure. De retour en France, en 1727, jamais il
n’abandonna son « portefeuille », souvenir encore vivant d’un « voyage à
Constantinople » qui avait été véritablement l’aventure de sa vie.
Grâce à la redécouverte de ces dessins, le chevalier de Clairac prend
désormais une place notable parmi les voyageurs fascinés par la
découverte de la Turquie.  
Manuscrit 1 MR 1616
conservé au service historique de la Défense, VincennesConférence
Les aventures du chevalier de Clairac en Méditerranée (1724-1727)
par Jean-Pierre Laporte
chercheur associé à l’Année épigraphique, USR 710, CNRS, Paris
dimanche 14 juin à 17 heures, salle des Associations, cours Masséna, Antibes
Visites guidées
de l’exposition temporaire
Visite d’1 heure environ, sur réservation et sous réserve d’un minimum de
participants.
Tarif: gratuit, une fois le droit d’entrée au musée acquitté
(3 € plein tarif, 1,50 € demi-tarif).
À 14 heures : samedi 20 juin
   À 15 heures : dimanche 5 juillet, jeudi 9 juillet,
         vendredi 17 juillet, jeudi 23 juillet,
       vendredi 21 août, vendredi 28 août.
Livret
Il était une fois Monsieur Badin, qui découvrit un beau jour de l’an 1935 un grand
étui de toile. Excité par la curiosité, il l’ouvrit et mit au jour un véritable trésor: des
cartes, des plans, des dessins…
Ces documents nous racontent une autre histoire, celle d’un voyage effectué entre
1724 et 1727 par le chevalier de Clairac : embarqué sur « Le Solide », muni de
ses crayons, plumes et pinceaux, Louis André de La Mamye, chevalier de Clairac
a dessiné, coloré et relevé des monuments, des vestiges archéologiques, des
inscriptions et des monnaies observées au cours de son voyage de Marseille à
Istanbul et jusqu’à Alexandrie de Troade.
Guidés par un livret et par ses dessins, à nous d’effectuer ce trépidant voyage!
Livret pour le jeune public, à partir de 7 ans.
À retirer gratuitement à l’accueil.
Autour
de l’expositionDessiner le paysage:
variation autour des « vües » contenues dans le carton
à dessins du chevalier de Clairac
Qu’il s’agisse de la « vue de Tripoly de Barbarie»
ou des nombreuses « vües » de monuments
archéologiques dans leur environnement, les dessins
du chevalier de Clairac surprennent par leur diversité.
Dessinés au crayon ou à la plume, colorés à l’aquarelle
ou au lavis, ils rassemblent un riche éventail de
techniques auxquelles chacun peut s’essayer afin de
représenter un paysage.
Atelier adultes : jeudi 25 juin à 14 h 30
Atelier parents-enfants : vendredi 24 juillet à 14 h 30
Atelier enfants : mardi 7 juillet de 10 h 15 à 12 h 15
vendredi 21 août à 10 h 15
Antiquités à la plume:
à la croisée du dessin et de l’image numérique
(2 séances)
Les dessins de Louis-André de La Mamye, enrichis de
mesures précises et d’annotations, documentent un
site archéologique ou rendent simplement compte d’un
édifice observé au cours du voyage. Ils constituent
aujourd’hui encore une mine d’informations pour
les archéologues. En confrontant les techniques
traditionnelles de dessin utilisées au x v iii
e
 siècle à la
photographie numérique d’aujourd’hui, l’atelier permet
de redécouvrir et de mieux connaître le patrimoine
archéologique antibois.
L’atelier s’organise en deux séances :
Séance 1 : « observer, orienter, vérifier les mesures,
et compter les pas » à la manière de Clairac.
Du dessin à la photographie
Séance 2: de la photographie au dessin
Atelier adultes : jeudi 27 août à 14 h 30 (séance 1)
et jeudi 3 septembre à 14h30 (séance 2)
Atelier enfants : vendredi 17 juillet à 10 h 15 (séance 1)
et jeudi 23 juillet à 10 h 15 (séance 2)
Café et turqueries :
curiosités de voyage rassemblées en florilège
Dame turque sur son sofa se faisant servir le café,
caméléon d’après nature, sérail, janissaire officier
de marine, kiosque, Bosphore, colonne, « monnoyes
turques »…
Si le contenu des dessins du recueil de Clairac prend
parfois l’allure d’un inventaire à la Prévert, il témoigne
d’un esprit animé par une curiosité sans bornes.
À nous de goûter à cette passion pour l’Orient!
Les « turqueries » immortalisées par Clairac et ses
contemporains constituent une source d’inspiration
pour créer une composition graphique rassemblant les
principales curiosités observées.
Atelier adultes : jeudi 2 juillet à 14 h 30
Atelier parents-enfants : jeudi 16 juillet à 10 h 15
Ateliers autour de l’exposition temporaire
Ateliers de 1 h 45, sur réservation
Tarif par personne : 4,50 €
Cette année encore, des ateliers de découverte et de
création à destination du jeune public, des familles et
des adultes auront lieu au musée d’Archéologie durant
l’été.
Traits et lignes en perspective:
composer un modèle de mosaïque antique
Création d’un canevas original à partir d’une
association de formes géométriques observées sur
des mosaïques romaines.
Atelier enfants : mardi 18 août à 10 h 15
Du Grain au Pain
Découverte et confection de pains d’après
des recettes antiques.
Atelier parents-enfants : vendredi 10 juillet à 14 h 30
mercredi 19 août à 14 h 30
Ateliers d’été autour de la collection permanente
Ateliers de 1 h 45, sur réservation
Tarif par personne : 4,50 €
Contact
Élyse Poignant
Médiatrice culturelle
Adresse postale : Direction des musées
musée d’Archéologie
4 rue des Cordiers, 06600 Antibes
T. +33 (0)4 92 90 53 36
F. +33 (0)4 92 90 53 35
 elyse.poignant@ville-antibes.frLe Bastion Saint-André
Musée d’Archéologie, Antibes
Construit par Vauban en 1698 comme ouvrage défensif lors du
conflit qui opposait le Royaume de France au comté de Nice,
le bastion Saint-André est constitué de deux galeries voûtées
en briques surmontées d’une vaste terrasse dallée. L’édifice
est inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments
historiques depuis 1930.
L’histoire de la Collection commence au xvı
e
 siècle avec la
découverte et la publication de plusieurs inscriptions galloromaines dont la stèle de l’enfant Septentrion.
Au xıx
e
 siècle, des collections privées se constituent dans les
familles de notables.
En 1928, Romuald Dor de La Souchère crée le premier musée
d’Histoire. Helléniste de formation et professeur à Cannes,
il rassemble au château Grimaldi des objets archéologiques,
des moulages ainsi qu’une vaste documentation composée de
notes de lecture et de traductions.
À partir des années 1950, la découverte de nombreuses
épaves incite la municipalité à créer un lieu exclusivement
consacré à l’archéologie.
Le musée d’Archéologie est inauguré en juin 1963. Il rassemble
des objets issus des fouilles terrestres et sous-marines qui
retracent l’histoire d’Antipolis depuis le vıı
e
 siècle avant J.-C.
jusqu’au v
e
 siècle après J.-C.
En 2006, la collection a  bénéficié d’un contenu et d’une
scénographie sensiblement renouvelés. De nouveaux objets
ont intégré les vitrines, certains thèmes ont été développés et
l’ensemble est valorisé par de nombreux supports didactiques.
Aux origines d’Antibes,
le visiteur découvre le célèbre galet de Terpon, la plus
ancienne inscription d’Antibes, deux très remarquables têtes
féminines en pierre ainsi qu’un lot de céramiques indigènes,
étrusques, massaliètes et grecques. Retrouvées dans les
fouilles du Vieil-Antibes, et récemment sorties des réserves
du musée, ces céramiques ponctuent près de sept siècles
d’occupation, depuis l’oppidum indigène jusqu’à la colonie
grecque de Marseille (vıı
e

er
 siècle avant J.-C.).
Le monde méditerranéen,
auquel se rattache Antipolis, est abordé en vis à vis dans
sept vitrines qui proposent un lot de près de 60 vases et
objets en céramique produits par les Grecs et les différents
peuples de la péninsule italique, indigènes, Grecs, Étrusques
et Romains. La ville romaine se constitue à partir de 49 avant
J.-C. lorsque Antipolis s’affranchit de la tutelle de Marseille
(Strabon, Géographie, IV, 1, 9). Des objets remarquables de
cette présence romaine sont exposés dans deux vitrines,
certains depuis l’année 2006: ainsi, deux monnaies datées
de 44 avant J.-C., lorsque la ville avait le privilège de
frapper un petit monnayage, des peintures murales aux
représentations d’oiseau et d’Amour ou encore un buste en
marbre de Dionysos (ou d’un faune), autrefois conservé au
musée Picasso. Un fragment de table d’autel en marbre, avec
rinceau de vigne et colombe, conclut la séquence consacrée
à l’époque romaine. Retrouvé dans les fouilles de la chapelle
Saint-Esprit, près de la cathédrale et daté des v
e
-vı
e
siècles
après J.-C., il symbolise l’émergence d’une ville nouvelle dont
la modernité réside dans le christianisme.
Antibes et la mer
est une association qui remonte aux origines de la ville.
Le port d’Antibes n’est cité en tant que tel qu’à partir de
l’époque romaine, dans un itinéraire maritime, mais le
mobilier retrouvé dans l’Anse Saint-Roch, ou à l’intérieur
de nombreuses épaves, atteste le rôle d’Antibes dans le
développement des liens commerciaux dès le VI
e
 siècle avant
J.-C. Issus de bateaux qui pratiquaient le cabotage comme,
celui dit des Roches d’Aurelle, ou de navires hauturiers
à l’image de l’épave de la Tradelière, ce sont des milliers
d’objets qui ont été retrouvés et pour un grand nombre dans
un état de conservation exceptionnel. La reconstitution d’une
coque de navire met en scène, de manière spectaculaire,
un chargement d’amphores. Au fond de la première galerie,
22 amphores illustrent la diversité des contenus et des
provenances.
Croyances et au-delà
est un thème qui bénéficie de la richesse de l’épigraphie
funéraire gallo-romaine et des découvertes mobilières
effectuées à Antibes et sur son territoire. La stèle de
l’enfant-danseur Septentrion, signalée dès 1557, est la plus
célèbre des inscriptions d’Antibes. Plusieurs tombes à
incinérations proviennent de fouilles réalisées à Vaugrenier.
Les résidus de la crémation étaient placés dans une urne
en verre, en plomb ou en céramique, enfermée dans une
urne en pierre. À proximité, une tombe en bâtière de tuiles
et un sarcophage de plomb documentent les inhumations.
Ces tombes voisinaient parfois le long des routes avec des
sépultures monumentales, comme le mausolée de Vallauris
(les Encourdoules) dont les fragments sont aujourd’hui
rassemblés derrière le musée d’Antibes. Les dépôts
d’offrandes associés évoquent la croyance dans l’au-delà. La
présence d’une monnaie rappelle l’obole qu’il faut verser à
Charon pour traverser le Styx, fleuve des Enfers. Entièrement
nouveau, un petit secteur consacré aux divinités présente
des objets inédits.
Le monde rural
introduit au petit territoire de la cité gallo-romaine d’Antibes,
constitué entre Siagne et Loup. Les objets présentés
concernent essentiellement les fouilles du site de Vaugrenier,
une agglomération secondaire de la fin du ı
er
 siècle avant
notre ère située le long de la via Aurelia. De celle-ci provient
une borne milliaire du début du ıv
e
 siècle autrefois présentée
au musée Picasso. Le long de la voie s’alignaient un vaste
temple, reconstitué par une maquette ainsi que des ateliers
et boutiques d’où proviennent des éléments d’artisanat
(tissage, tabletterie). Des armes retrouvées dans les fouilles
signalent peut-être la proximité d’une bataille évoquée par
l’écrivain Tacite et qui aurait mis fin à l’occupation du site
dans la seconde moitié du ı
er
 siècle après J.-C.
Vivre en ville
présente près de 150 objets qui nous font partager le
quotidien des habitants d’Antibes il y a 2000 ans. Un grand
nombre provient des fouilles de la rue Clemenceau, réalisées
dans le Vieil-Antibes entre 1992 et 1994. Une mosaïque à
décor d’hexagones ainsi qu’une exceptionnelle fontaine
en marbre constituent les points forts du parcours. Elles
agrémentaient la demeure d’un notable à la fin du ıı
e
 siècle
de notre ère. La reconstitution d’une toiture de tuiles permet
d’aborder de manière concrète l’architecture privée. La
maison bénéficiait par ailleurs d’une adduction d’eau par des
tuyaux de plomb. De multiples petits objets documentent la
vie de tous les jours.Le Bastion Saint-André
Musée d’Archéologie, Antibes
Construit par Vauban en 1698 comme ouvrage défensif lors du
conflit qui opposait le Royaume de France au comté de Nice,
le bastion Saint-André est constitué de deux galeries voûtées
en briques surmontées d’une vaste terrasse dallée. L’édifice
est inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments
historiques depuis 1930.
L’histoire de la Collection commence au xvı
e
 siècle avec la
découverte et la publication de plusieurs inscriptions galloromaines dont la stèle de l’enfant Septentrion.
Au xıx
e
 siècle, des collections privées se constituent dans les
familles de notables.
En 1928, Romuald Dor de La Souchère crée le premier musée
d’Histoire. Helléniste de formation et professeur à Cannes,
il rassemble au château Grimaldi des objets archéologiques,
des moulages ainsi qu’une vaste documentation composée de
notes de lecture et de traductions.
À partir des années 1950, la découverte de nombreuses
épaves incite la municipalité à créer un lieu exclusivement
consacré à l’archéologie.
Le musée d’Archéologie est inauguré en juin 1963. Il rassemble
des objets issus des fouilles terrestres et sous-marines qui
retracent l’histoire d’Antipolis depuis le vıı
e
 siècle avant J.-C.
jusqu’au v
e
 siècle après J.-C.
En 2006, la collection a  bénéficié d’un contenu et d’une
scénographie sensiblement renouvelés. De nouveaux objets
ont intégré les vitrines, certains thèmes ont été développés et
l’ensemble est valorisé par de nombreux supports didactiques.
Aux origines d’Antibes,
le visiteur découvre le célèbre galet de Terpon, la plus
ancienne inscription d’Antibes, deux très remarquables têtes
féminines en pierre ainsi qu’un lot de céramiques indigènes,
étrusques, massaliètes et grecques. Retrouvées dans les
fouilles du Vieil-Antibes, et récemment sorties des réserves
du musée, ces céramiques ponctuent près de sept siècles
d’occupation, depuis l’oppidum indigène jusqu’à la colonie
grecque de Marseille (vıı
e

er
 siècle avant J.-C.).
Le monde méditerranéen,
auquel se rattache Antipolis, est abordé en vis à vis dans
sept vitrines qui proposent un lot de près de 60 vases et
objets en céramique produits par les Grecs et les différents
peuples de la péninsule italique, indigènes, Grecs, Étrusques
et Romains. La ville romaine se constitue à partir de 49 avant
J.-C. lorsque Antipolis s’affranchit de la tutelle de Marseille
(Strabon, Géographie, IV, 1, 9). Des objets remarquables de
cette présence romaine sont exposés dans deux vitrines,
certains depuis l’année 2006: ainsi, deux monnaies datées
de 44 avant J.-C., lorsque la ville avait le privilège de
frapper un petit monnayage, des peintures murales aux
représentations d’oiseau et d’Amour ou encore un buste en
marbre de Dionysos (ou d’un faune), autrefois conservé au
musée Picasso. Un fragment de table d’autel en marbre, avec
rinceau de vigne et colombe, conclut la séquence consacrée
à l’époque romaine. Retrouvé dans les fouilles de la chapelle
Saint-Esprit, près de la cathédrale et daté des v
e
-vı
e
siècles
après J.-C., il symbolise l’émergence d’une ville nouvelle dont
la modernité réside dans le christianisme.
Antibes et la mer
est une association qui remonte aux origines de la ville.
Le port d’Antibes n’est cité en tant que tel qu’à partir de
l’époque romaine, dans un itinéraire maritime, mais le
mobilier retrouvé dans l’Anse Saint-Roch, ou à l’intérieur
de nombreuses épaves, atteste le rôle d’Antibes dans le
développement des liens commerciaux dès le VI
e
 siècle avant
J.-C. Issus de bateaux qui pratiquaient le cabotage comme,
celui dit des Roches d’Aurelle, ou de navires hauturiers
à l’image de l’épave de la Tradelière, ce sont des milliers
d’objets qui ont été retrouvés et pour un grand nombre dans
un état de conservation exceptionnel. La reconstitution d’une
coque de navire met en scène, de manière spectaculaire,
un chargement d’amphores. Au fond de la première galerie,
22 amphores illustrent la diversité des contenus et des
provenances.
Croyances et au-delà
est un thème qui bénéficie de la richesse de l’épigraphie
funéraire gallo-romaine et des découvertes mobilières
effectuées à Antibes et sur son territoire. La stèle de
l’enfant-danseur Septentrion, signalée dès 1557, est la plus
célèbre des inscriptions d’Antibes. Plusieurs tombes à
incinérations proviennent de fouilles réalisées à Vaugrenier.
Les résidus de la crémation étaient placés dans une urne
en verre, en plomb ou en céramique, enfermée dans une
urne en pierre. À proximité, une tombe en bâtière de tuiles
et un sarcophage de plomb documentent les inhumations.
Ces tombes voisinaient parfois le long des routes avec des
sépultures monumentales, comme le mausolée de Vallauris
(les Encourdoules) dont les fragments sont aujourd’hui
rassemblés derrière le musée d’Antibes. Les dépôts
d’offrandes associés évoquent la croyance dans l’au-delà. La
présence d’une monnaie rappelle l’obole qu’il faut verser à
Charon pour traverser le Styx, fleuve des Enfers. Entièrement
nouveau, un petit secteur consacré aux divinités présente
des objets inédits.
Le monde rural
introduit au petit territoire de la cité gallo-romaine d’Antibes,
constitué entre Siagne et Loup. Les objets présentés
concernent essentiellement les fouilles du site de Vaugrenier,
une agglomération secondaire de la fin du ı
er
 siècle avant
notre ère située le long de la via Aurelia. De celle-ci provient
une borne milliaire du début du ıv
e
 siècle autrefois présentée
au musée Picasso. Le long de la voie s’alignaient un vaste
temple, reconstitué par une maquette ainsi que des ateliers
et boutiques d’où proviennent des éléments d’artisanat
(tissage, tabletterie). Des armes retrouvées dans les fouilles
signalent peut-être la proximité d’une bataille évoquée par
l’écrivain Tacite et qui aurait mis fin à l’occupation du site
dans la seconde moitié du ı
er
 siècle après J.-C.
Vivre en ville
présente près de 150 objets qui nous font partager le
quotidien des habitants d’Antibes il y a 2000 ans. Un grand
nombre provient des fouilles de la rue Clemenceau, réalisées
dans le Vieil-Antibes entre 1992 et 1994. Une mosaïque à
décor d’hexagones ainsi qu’une exceptionnelle fontaine
en marbre constituent les points forts du parcours. Elles
agrémentaient la demeure d’un notable à la fin du ıı
e
 siècle
de notre ère. La reconstitution d’une toiture de tuiles permet
d’aborder de manière concrète l’architecture privée. La
maison bénéficiait par ailleurs d’une adduction d’eau par des
tuyaux de plomb. De multiples petits objets documentent la
vie de tous les jours.
Un aperçu de la seconde galerie du musée. Photographie musée d’Archéologie, AntibesMusée d’Archéologie
Bastion Saint-André – 06600 Antibes
T. +33 (0)4 92 90 54 37
Adresse postale
Direction des musées
4 rue des Cordiers – 06600 Antibes
T. +33 (0)4 92 90 53 31 – F. +33 (0)4 92 90 53 35
musee.archeologie@ville-antibes.fr
www.antibes-juanlespins.com
2 Fermé les lundis et le 1
er
 novembre
2 Horaires d’hiver 16 septembre – 14 juin
ouvert de 10 h à 13 h et de 14 h à 17 h
2 Horaires d’été 15 juin – 15 septembre
ouvert de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h
juillet et août, nocturnes les mercredis et les vendredis jusqu’à 20 h
2 Plein tarif 3 €
2 Demi-tarif 1,5 € sur présentation d’un justificatif
accordé aux étudiants ; aux personnes de plus de 65 ans ; aux groupes de plus de 15 personnes ;
aux familles nombreuses ; pour l’ensemble du public pendant les périodes de travaux ; les
enseignants et les professeurs du primaire à l’enseignement supérieur (public et privé).
2 Gratuité pour les moins de 18 ans et autres sur présentation d’un justificatif,
              et pour les Journées du Patrimoine.
2 Billet combiné 10
d
validité 7 jours consécutifs pour les musées municipaux
Boutique-librairie
Directeur des musées d’Antibes
Jean-Louis Andral
Responsable du musée d’Archéologie
Éric Delaval
eric.delaval@ville-antibes.fr
Service des Publics du musée d’Archéologie
Élyse Poignant: T. +33 (0)4 92 90 53 36 • F. +33 (0)4 92 90 53 35
elyse.poignant@ville-antibes.fr
Programme des activités : www.antibes-juanlespins.com
        rubrique « culture » • « musée d’Archéologie » • « service des publics »
Secrétariat du musée d’Archéologie
Magali Marchais
T. +33 (0)4 92 90 53 31 • F. +33 (0)4 92 90 53 35
magali.marchais@ville-antibes.fr
Informations pratiques
En couverture : Louis-André de La Mamye de Clairac, Tripoli de Libye. Vue de la mer (détail). Archives Municipales, Antibes. Impression : service de la reprographie, ville d’Antibes. Design graphique : Studio Arfi

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