mardi 27 mars 2012


Abderrahmane Khelifa à la librairie Allili

Tlemcen :


  Vente  dédicace du livre "Tlemcen, capitale du Maghreb central "(*)
 
« La restauration des monuments est un gâchis ! »


Par Allal Bekkaï


Après Mahi Tabet Aouel et Fatima Oufriha Bouzina, c'était au tour de Abderrahmane Khelifa, archéologue, historien, d'être l'hôte le lundi dernier(5 mars) de la librairie Allili pour une séance de vente dédicace de son dernier livre « Tlemcen, capitale du Maghreb central » paru aux éditions Colorset, qui passe en revue, sur 420 pages, tous les événements qui ont marqué l'histoire de la ville(Pomaria la romaine, Agadir la soufrite, Tagrart l'almoravide, Tlemcen l'almohade et la zianide, Mansourah la mérinide).Auparavant, l'auteur fera une présentation de son ouvrage à travers une conférence intitulée « Histoire de Tlemcen à travers ses monuments » illustrée de photos et de documents d'archives(data show). Il a envisagé ce travail à partir d'une lecture de Abdellah Alloui, en expliquant dans quel esprit il a fait ce livre. « Je m'inscris dans une perspective de longue durée et non dans l'événementiel », dira-t-il en précisant que son ouvrage n'est pas parrainé(subventionné) par le ministère de la culture dans le cadre de la manifestation de 2011. Il indiquera que ce livre fait partie d'une série dédiée à l'histoire des villes d'Algérie(Constantine, Bedjaïa...). « Je dois beaucoup à Tlemcen où j'ai fait mes premières armes », allusion aux fouilles qu'il avait menées sur le site d'Agadir avec Saïd Dahmani dans les années 80. A ce titre, il est considéré comme le fondateur de la première circonscription archéologique de Tlemcen. A travers son exposé, il dévoilera, avec « pièces à conviction » à l'appui les différentes agressions contre le patrimoine(Lac Kerrar de Aïn Youcef, le site d'Agadir, le mausolée de Sidi Daoudi, Mansourah, la rue des Vieux remparts, le Mechouar...). « Dans 50 ans, vos petits enfants ne verront plus la tour de Mansourah », prévient-il sur un ton pessimiste. Et de faire subir un « test » à l'assistance : « Qui refuserait un lot de 500 m2 sur ce site ? ». « Je ne suis pas pour une vie figée mais partisan d'un développement intelligent », précisera-t-il. « Vous avez la chance de toucher, de côtoyer des monuments du 12è et 13è siècle, vous êtes en relation directe avec nos ancêtres, une chance que n'ont pas des Américains », soulignera-t-il. Dans intervention lors du débat, Mohammed Baghli, chercheur en legs universel, ne manquera pas de le remercier pour lui avoir donné une copie d'une carte militaire sur les portes de Tlemcen(1842) avant de mettre l'accent sur la commémoration d'un double événement, à savoir le « 9 Décembre »(12è centenaire de la pose de la première pierre de la mosquée d'Agadir par Idriss 1er) et « 19 Juin »(inauguration de la première mosquée). En marge de la conférence, Abderrahmane Khelifa nous fera le point du « gâchis » en matière de restauration initiée à l'occasion de la manifestation de 2011 : «  Si vous prenez les remparts d'Agadir qui sont les plus vieux remparts, puisque c'est la première ville, c'est le premier noyau urbain, donc il fallait faire attention, que ce soit pour les remparts, que ce soit pour la mosquée, il aurait fallu prendre des précautions pour faire cette restauration, et il aurait fallu sur cela continuer les travaux de fouille qui ont été entrepris dans les années 80, et je suis avec mon ami Dahmani Saïd le découvreur de la mosquée d'Agadir, et j'en suis fier parce je considère avoir apporté quelque chose à l'histoire de mon pays et particulièrement à la ville de Tlemcen...Par rapport au Mechouar, il y eu une opération de fouilles qui a été lancée et cette opération de fouilles n'a pas continué pour pouvoir établir la nouvelle construction qui a été faite sur le Mechouar et on a dit que c'était politique, mais est-ce que le politique peut rentrer dans la falsification de l'histoire ?...Ce n'est pas nécessaire et  ce n'est pas souhaitable, parce que si nous disons que nous sommes fiers  de cette capitale de Tlemcen...(capitale de la culture islamique, n.d.l.r), nous nous devons mieux comprendre les monuments auxquels nous touchons, parce qu'ils sont l'essence même de notre identité...Pour Mansourah, vous savez d'abord qu'il y a un urbanisme effréné et qu'il y a des constructions qui sont en train de se faire à l'intérieur d'une zone non edificandi et qui à terme appelleront à la disparition de ce site...Comme ici à Tlemcen, vous avez la rue des Vieux remparts juste à quelques dizaines de mètres de la grande mosquée, et donc ces vieux remparts, on ne les voit plus, et bien dans une vingtaine d'années, on aura la rue des remparts de Mansourah et on ne les verra pas...Quant au nouveau style du minaret de la grande mosquée, on peut être choqué ,disons, par la dénaturation, il y eu, disons, une patine qui s'est installée à travers les âgés et qu'on ne retrouve plus, évidemment, on peut comprendre que le Tlemcenien, l'habitant de Tlemcen soit un peu désorienté parce que son horizon est changé, ce qui est un repère est changé, et donc est-ce que la patine va reprendre ses droits et dans une cinquantaine d'années, le temps va faire revenir la couleur, mais il faut  espérer dans toute restauration que ce soit réversible, c'est-à-dire qu'on peut rattraper l'erreur...


(*) Article non publié

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