lundi 7 mai 2012

journal Liberté 29 mai 2012


CONFÉRENCE De ABDERRAHMANE KHELIFA SUR LE PATRIMOINE ALGÉROIS

L’historien tire la sonnette d’alarme

Par : Amine IDJER
Alger, une métropole. Des vestiges témoins de son histoire, de son expansion, de son existence. Qu’en est-il aujourd’hui de ce legs ? Que va entraîner sa déperdition ? La sonnette d’alarme est tirée. 

Une grande ville comme Alger existe à travers son patrimoine, un héritage qu’il faut préserver. “C’est un trésor inestimable. C’est notre carte d’identité. Chaque fois qu’une maison tombe, c’est une partie de notre identité qui part”, c’est ce qu’a déclaré l’archéologue et historien Abderrahmane Khelifa, samedi passé, à 14h, dans une rencontre au Centre scientifique et de loisirs de l’établissement Arts et culture. Dans sa conférence intitulée "Alger, histoire et patrimoine” (coïncidant avec le mois du patrimoine du 18 avril au 18 mai 2012), le conférencier a présenté un plaidoyer guère reluisant de sa ville de prédilection, Alger, et de son patrimoine en déperdition. C’est plutôt une sonnette d’alarme qu’il tire.
Des images de la capitale algérienne ont été projetées. Une manière pour l’orateur de résumer l’histoire patrimoniale de cette ville ; des Phéniciens jusqu’à la colonisation française, en passant par les Romains, les Vandales, les Byzantins, l’arrivée des musulmans, et l’occupation turque.
Un historique pour démontrer que cet héritage ne date d’aujourd’hui, mais qu’il remonte à plusieurs millénaires, qu’Alger a toujours été habitée, traversant le temps et les civilisations. Il a marqué différentes haltes historiques, les plus importantes, dans la vie de cette ville, qui au départ était petite, mais n’a eu de cesse de s’agrandir et de prendre de l’ampleur.
Pour lui, toutes les occupations sus-mentionnées ont laissé des traces à travers les différents bâtis et autres vestiges marquant ainsi leur passage. Mais, beaucoup ont disparu avec la colonisation française. En 1830, il y avait plus de 300 maisons, 11 mosquées, des palais, plus de 175 fontaines. Bon nombre avaient été saccagés pour loger les militaires français. D’autres modifiés, voire détruits puis rebâtis, comme c’est le cas de la mosquée Ketchaoua. “L’occupant français, au lieu de construire une ville à côté de celle qui existait, il a construit à l’intérieur”, détruisant tout sur son passage.
Pour preuve, les sites découverts au niveau de l’actuelle place de Martyrs lors des travaux du métro d’Alger. Des vestiges remontant à l’époque romaine. “Une preuve qu’Alger a été transformée.” Pour étayer ses propos, il est revenu sur les contours et les limites de cette ville avant l’occupation française, montrant ce qui a été saccagé, comme les quelques portes d’Alger (elle en a cinq)…
L’autre point abordé par Abderrahmane Khelifa c’est la Casbah d’Alger qui est en train de s’effondrer (des maisons qui tombent en ruine, des façades lézardées, les ruelles défoncées…), et les quelques vestiges qui tentent tant bien que mal de tenir, à l’image de l’aqueduc du val d’Hydra ou le rempart de la Citadelle au niveau de Bab Djedid dont un pan s’est effondré. Image à l’appui, il a affirmé qu’il est plus qu’urgent d’y remédier dans les plus brefs délais. “Si la Citadelle tombe que restera-t-il d’Alger ?” s’est-il interrogé.
Pour lui, “rien n’est fait pour sauvegarder la Casbah, il y a péril en la demeure.” Il déplore que les bâtisses qui s’étaient affaissées n’aient pas été reconstruites. Elles ont été, pour certaines, remplacées par des placettes.
À propos du plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur du secteur sauvegardé de la Casbah d'Alger, il a déclaré : “On fait des textes. (…) Un texte ne vaut que par son application !”

1 commentaire:

  1. j'ai assisté à la conférence de cet éminent archéologue et historien khelifa abderahmane que j'ai apprécié pour son militantisme et son nationalisme.
    j'ai ressentie une forte émotion lors de la projection des images relatives à l'énorme fissure du pan du rempart de la citadelle de bab Djedid qui porte à croire qu'il va sans aucun doute s'effondrer d'ici peu de temps.
    je crois bien que ce jour là, je m'effondrai moi-mème et me sentirai sous les gravas car, je me rappelle les bons moments de mon adolescence passés derrière ce pan de la citadelle avec mon amie lamaria Morsli où elle résidait surtout, sur la petite terrasse donnant sur l'entrée de ce fameux palais du dey fermé vers la fin des années 60 pour travaux et qui, jusqu'à ce jour ne s'est plus ouverte ni pour les nostalgiques de l'endroit, ni mème pour les touristes qui auront egayé ce triste site abandonné pour en faire un tombeau lequel, ne resistera pas à la solitude dans lequel des irresponsables l'ont laissé.
    Des familles avaient été expulsées dont ma copine badria Khennouf,les uns vers une cité populaire du clos salambier,en hauteur de bab el oued où personne ne s'est accommodé de l'endroit, les autres un peu plus tard vers Badjarah dont la famille Morsli.
    Qui ne connait la petite mosquée juxtaposant cette citadelle derrière laquelle des kermesses étaient organisées et faisaient le bonheur des enfants où de nombreux cadeaux étaient gagnés à des jeux.Tous ces endroits ont été livrés à eux mème et cette sympathique mosquée n'echappera pas à la destruction, ce sera alors un vide enorme, la faute à qui? à des responsables irrespectueux du patrimoine.Pensent-ils au moins à leurs enfants qui ne verront pas la beauté.
    Non, ils n'entendront pas la sonnette d'alarme car,ils n'ont aucune intelligence.
    On devrait creer un ministère de protection du patrimoire,à la tête duquel on placerai Mr. Khalifa, nous avons des competences exclues hélas volontairement.
    Devrai-je dire en conclusion que nous ne meritons pas ce beau pays?

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