dimanche 8 juillet 2012


Musique andalouse : Nour-Eddine Saoudi chez les anciens scouts de Tizi-Ouzou

Horizons : 06 - 12 - 2009

Belle initiative que celle prise par l'associations des anciens scouts et amis scouts de Tizi-Ouzou en ouvrant son cycle annuel de conférences-débats par une note bien fraîche, celle de la musique. Plus précisément de la musique andalouse en invitant Noureddine Saoudi, ce musicien, chanteur et compositeur de la musique andalouse. Une conférence qui a porté sur la musique andalouse à travers l'histoire du pays. Une conférence qu'il a animée conjointement avec son ami et complice l'historien et anthropologue Abderrahmane Khelifa, un duo très apprécié sur les ondes de la chaîne III de l'ENRS.
Les deux hommes ont réussi l'espace de deux heures qu'aura duré la conférence à offrir des moments privilégiés à cette assistance faite d'anciens mais aussi de jeunes amoureux du genre andalou.
Noureddine Saoudi à travers son intervention est revenu sur l'âge d'or de l'Andalousie et de la poésie arabo-andalouse. Ce docteur en géologie qui a déjà à son actif 5 CD de musique traditionnelle andalouse et surtout créateur de la Nouba Dziria, a réussi au moyen de morceaux de musique qu'il a joué avec son luth et sa voix mélodieuse à porter loin, à travers l'histoire l'origine de la musique andalouse et son implantation dans les creusets qu'on lui connaît, dans les trois écoles de Tlemcen, d'Alger et deConstantine. Il rendra un hommage particulier au maître incontesté Zyriab qui a révolutionné la musique universelle. «C'est grâce à lui et sa suite musicale que les Occidentaux se sont inspirés pour faire leur symphonie».
Considéré comme l'enfant terrible de la musique andalouse, Nouredine Saoudi qui est né à Alger en mai 1954 et a été bercé dans son landau par la musique au sein d'une famille portée sur la musique, a mis l'accent sur la nécessité de voir ce patrimoine préservé plus qu'il ne l'a été jusque-là. «On ne devrait pas tomber dans les mêmes erreurs que nos grands-pères qui ont laissé filer au fil du temps, des œuvres culturelles inestimables», dira cet élève des grands maîtres de l'andalou comme M'hamsadji, Dali, Belhocine et surtout Fekhardji, qui l'avait marqué en suivant ses traces et devenir professeur conservatoire d'Alger, où il avait réussi à décrocher le Premier Prix. Il étayera son propos en affirmant qu'il existait plus d'un millier de textes de poésies mais seulement on n'en répertorie plus que 400 textes «Et dont ne connaît pas pour certains, les auteurs ». Ce membre fondateur des associations musicales El Fekhardjia et Sendoussia avant de se lancer dans sa démarche innovatrice a surtout mis l'accent sur la nécessité d'approfondir la recherche. «On se doit de creuser sans cesse pour mettre au jour ces trésors musicaux et culturels encore enfouis quelque part à travers les régions du pays», soulignera encore ce docteur en géologie du quaternaire et préhistoire.
Pour sa part, l'historien et anthropologue Abderrahamne Khelifa «insérait» entre deux morceaux joués par Saoudi pour effectuer lui aussi un come-back sur l'âge d'or des foutouhat el islamia et la conquête de l'Andalousie. Sur un ton quelque peu dépité, M. Khelifa regrette que l'on ne puisse pas aller de l'avant et permettre au Maghreb en général de retrouver son lustre d'antan. Pour lui, c'est dommage que ce soient les Occidentaux qui ont profité de tous les inventions des Arabes et des Maghrébins : «Ils ont été les plus érudits et les précurseurs de toutes les sciences et de la culture universelles». Et d'ajouter la rage au ventre : «Le génie d'un Zyriab ou d'un Ibn Sina n'a point d'égal dans le monde occidental».
A une question relative à la place du Coran dans la musique andalouse, M. Saoudi dira que le Livre Sacré a toujours été en symbiose avec l'ouverture d'esprit et la spiritualité, et surtout la liberté : «N'est-ce pas un esclave qui, avec une voix mélodieuse sous forme de chant, qui avait effectué le premier appel à la prière». Et à M. Khelifa de conclure sur une citation : «L'islam a créé des boulevards mais certains faqihs en ont fait des impasses».
Il reste que cette première conférence qui en appellera certainement d'autres a été d'un grand niveau culturel et surtout de connaissances distillées par les deux conférenciers. Si bien que le public présent n'avait pas manqué de saluer chaleureusement cette belle initiative de cette dynamique et joyeuse association des anciens scouts et amis des scouts de Tizi-Ouzou. Cette dernière a déjà fixé rendez-vous pour le 8 janvier prochain autour d'une autre conférence qui portera aussi sur la riche histoire de notre pays qu'animera l'historien et chercheur, Fouad Soufi.
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire