samedi 4 juin 2022

 EL MOUDJAHID

Cinquième édition de «Layali al madih» : La Qal’aâ des Béni Hammad fleuron de l’architecture musulmane d’Afrique du Nord

Ph. : Billal
Ph. : Billal

Historien, archéologue et écrivain, Abderrahmane Khelifa vient de publier chez ANEP Éditions, un beau livre intitulé la Qal’aâ des Béni Hammad – reine du Hodna, de l’Aurès et des Ziban. Il revient, dans cet entretien, sur l’histoire et son intérêt pour cette citadelle millénnaire, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, et qui demeure un jalon important de l’histoire de l’Algérie médiévale.

Entretien réalisé par Kader Bentounes

El Moudjahid : Quel a été le fil déclencheur de votre intérêt particulier pour la citadelle des Béni Hammad ?
Abderrahmane Khelifa : La Qal’aâ des Béni Hammad est classée au patrimoine mondial de l’humanité ; c’est un site très important du Moyen-Age maghrébin. C’est un des sites majeurs de notre pays, un des bastions des Zirides ; elle a été à l’origine de ce qu’est l’Algérie médiévale. Il faut savoir que le minaret de la Qal’aâ a inspiré la mosquée de Koutoubia à Marrakech et la Giralda de Séville, c’est donc un élément majeur de notre identité. Les objets archéologiques qu’on a trouvés montrent aussi la qualité et la richesse de cette civilisation. La Qal’aâ est connue pour son commerce, mais étant aussi le point de convergence de pratiquement toutes les villes de l’Afrique du Nord, on y venait de partout pour faire du commerce et pour participer à sa vie intellectuelle. C’est un jalon important de l’histoire de l’Algérie. Elle a été fondée en 1007 et détruite en 1152 par les Almohades.

Quelles sont les particularités de cette citadelle et ses ingénieuses innovations par rapport à son époque ?
Lorsque vous y allez, vous êtes impressionné par la forme de la ville située en haut d’une montagne ; cette ville a été construite à près de 1000 mètres d’altitude. Il y a aussi un bassin de 60 mètres sur 40 et de 2 mètres de profondeur, construit entre le XIe et le XIIe siècles pour  pratiquer des joutes navales. Le système de l’eau a été parfait et ça a été un génie créatif d’autrefois ; c’est pour cela qu’on voit ces vestiges qui montrent notre civilisation et c’est de ce point de vue qu’on s'intéresse à la Qal’aâ car c’est un des joyaux de l’architecture musulmane d’Afrique du Nord, et non pas seulement de l’Algérie.

Vous abordez l’histoire, la vie sociale et religieuse ainsi que les traditions de la civilisation de naguère. Quels étaient vos sources ?
L'écriture vient en s’appuyant sur des sources comme Ibn Khaldoun, El Bekri et El Idrissi, qui dit par exemple que le scorpion à la Qal’aâ est mortel mais qu’il existe un remède. Quand j’ai fait les fouilles archéologiques, j’ai trouvé ces scorpions. Les écrits et les descriptions sont donc vrais concernant la situation de la Qal’aâ entre le XIe et le XIIe siècles. Il y avait des musulmans, des juifs et des chrétiens qui vivaient en parfaite harmonie. Elle est connue comme un des fleurons de l'architecture musulmane. On venait de partout pour s’instruire.

Qui a illustré ce beau livre ?
Pour faire un beau livre, il faut que l'écriture soit la plus vraie possible, mais aussi des photos d’exception pour faire voyager le lecteur dans le livre. En ma qualité d'archéologue, j’ai fouillé le site et j’ai pris moi-même les photos pour illustrer le livre.
K. B.

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