vendredi 26 septembre 2014

Abderrahmane Khelifa. Docteur des universités

« Il faut refaire la fouille du tombeau de Massinissa »

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le 24.09.14 | 10h00 Réagissez

| © D. R.

Docteur des universités et ancien cadre du ministère de la Culture, Abderrahmane Khelifa est considéré parmi les spécialistes qui ont beaucoup travaillé sur l’histoire du Maghreb central. En marge du colloque sur Massinissa organisé cette semaine à El Khroub, il a bien voulu nous accorder cet entretien.

-Dans votre ouvrage «  Cirta, Constantine, la Capitale céleste», paru en 2011 vous mentionnez que Cirta signifie «ville»,  par contre Carthage, est définie comme «ville nouvelle», pourrons nous dire que Cirta est bien ancienne que Carthage ?
Bien sur on peut le dire, parce que l’établissement humain à Cirta est beaucoup  plus ancien que celui de Carthage, dans la mesure où vous avez sur les parois du  rocher, la grotte de l’ours, celle des mouflons, ainsi que la grotte du pigeon. On a trouvé des vestiges préhistoriques et protohistoriques.  C’est à  dire qu’avant l’histoire, il y avait déjà des hommes, des humains qui vivaient à  Cirta.  Cela veut dire que l’homme était là depuis des centaines de milliers d’années. Et c’est pour ça, je vous dis que Cirta n’est pas simplement une agglomération à l’époque historique mais, elle a été auparavant un site occupé depuis des centaines de milliers d’années. Par exemple, il y avait une nécropole préhistorique sur le plateau du Mansourah où vous avez actuellement le monument aux Morts. Aussi, on a trouvé sur l’emplacement de la grande mosquée de Constantine à la rue Larbi Ben M’hidi, des colonnes qui appartenaient à un temple dédié à Vénus, c’est un temple sacré transformé en basilique chrétienne avant de devenir une mosquée.
-Durant le premier colloque sur Massinissa certains spécialistes ont avancé la consécration du premier Etat numide revient au roi Syphax, quel commentaire apportez vous ?  
A cette époque là, il y avait deux royaumes, celui de Syphax et celui de Gaia, père de Massinissa. Donc, il faut imaginer que même du temps de la fondation  de Carthage, il  y avait un Etat numide. On a le nom de ce roi numide qui était contemporain de Elissa, fondatrice de Carthage.  C’est lui qui a vendu un morceau  de terrain à Elissa pour qu’elle fonde sa ville. Il  faut enlever cette idée que les phéniciens sont arrivés dans un pays qui n’existait pas, où il n’y avait pas d’Etat où il n’y avait pas de royaume.  L’Afrique du nord n’était pas un no man’s land où il n’y avait personne. Il y avait déjà des royaumes qui étaient constitués. C qu’on connaît de ces royaumes, nous vient malheureusement des guerres puniques.
-«Où  se trouve Massinissa» a été le thème de votre communication. Quelle est l’origine de ce patrimoine national et quel sont les derniers travaux archéologiques réalisés pour sa revalorisation ?
Les dernières hypothèses disent que ce serait le tombeau de son fils. Pour cela, on se base sur les fouilles de 1915 et 1916, réalisées par les architectes de l’époque coloniale, Bonnel et Ballu. On sait qu’ils ont démonté l’ensemble du monument mais on ne sait pas véritablement si le caveau qui a été trouvé est le seul. Il faudrait refaire la fouille, redémonter l’édifice, revoir avec beaucoup de précision ce qui a été fait. Peut être on trouvera d’autres éléments qui vont nous donner une meilleure datation de ce monument. Il faudrait engager ce genre de travaux, parce qu’ils font partie de notre histoire. Refaire la fouille  du  tombeau  de Massinissa d’El Khroub est aussi faire un chantier-école international.
-D’autres personnalités historiques de Constantine méritent d’être remises au grand jour, quelles personnalités emblématiques vous proposez ?
Constantine est riche en personnages. L’événement de 2015 est une opportunité pour les aborder. Vous avez plusieurs grands hommes.
Il faudrait qu’on puisse faire des colloques sur des grands hommes  comme par exemple le grand maître de la langue latine Franton de Cirta, Apulée de Madaure, qui  a été grand romancier, Ibn Konfud et Abdelhamid Benbadis.                                                                                                      
 
O.-S. Merrouche

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