dimanche 28 septembre 2014

Une rencontre enrichissante

Constantine, capitale de Massinissa

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le 27.09.14 | 10h00 Réagissez

| © D. R.

Trois jours au chevet d'une histoire et d'un mythe aux dimensions multiples.

Huit mois avant la tenue de la très attendue «Constantine 2015, capitale de la culture arabe», le Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA) créé la surprise en organisant un important colloque sur Massinissa dans l’antique Cirta. Du 20 au 22 septembre, des universitaires algériens et étrangers ont interrogé la période du règne de Massinissa sous des angles novateurs devant un public hétéroclite et fortement intéressé. Les débats qui ont suivi chaque communication étaient animés, passionnés, voire enflammés. C’est en effet une des gageures de cette manifestation scientifique qui sort du cercle fermé des universitaires.
Les conférences, ouvertes au public, se sont déroulées au centre culturel M'hammed Yazid situé dans la cité anonyme des 1200 Logements d’El Khroub.  L’ouverture du colloque a été très solennelle avec la présence de la ministre de la Culture, de celle de l’Education, du président du conseil de la langue arabe ainsi que d'un représentant du ministre des Affaires étrangères. Cette présence officielle avait son importance puisqu’elle exprimait une forte volonté politique de reconsidérer la diversité culturelle algérienne non plus comme source de division mais de richesse commune.
Nouria Benghebrit annoncera son projet de généralisation de l’enseignement de la langue amazighe qui se concrétise par une classe expérimentale au CEM Kerboua d’El Khroub. Nadia Labidi affirmera, quant à elle, sa volonté d’encourager la production d’œuvres artistiques mettant en exergue la richesse de l’histoire algérienne, notamment dans sa dimension berbère. Si El Hachemi Assad, secrétaire général du Haut-Commissariat à l’amazighité, a confirmé pour sa part la dimension nationale que tend à assumer l’organisme qu’il dirige.
Quant aux conférences à proprement parler, elles ont présenté un état des lieux des recherches sur la période numide dans une approche scientifique pluridisciplinaire entre histoire, archéologie, anthropologie et linguistique. La question de l’étendue du royaume de Massinissa a été relevée par Attillo Mastino, recteur de l’université de Sassani (Italie), qui a évoqué son extension jusqu’au golfe de Syrte dans l’actuelle Libye.Le sort de ces biens fonciers entre les mains des héritiers de Massinissa a été détaillé par le professeur Ahmed Mcharek de l’université de Tunis.
La jeune chercheuse Khaoula Bennour, venue également de Tunisie, a décrit le royaume de Massinissa comme une période multiculturelle ouverte sur les civilisations puniques et hellénistiques, tandis qu’Emna Ghith (université de Sousse) a abordé le dialogue des cultures méditerranéennes à travers l’évolution des rites funéraires. A ce sujet, la persistance de la culture punique en Afrique du Nord après la chute de Carthage a été démontrée par Joséphine Crawley Quinn (université d’Oxford) et Matthew Mc Carty (Princeton). En somme, différentes dimensions de la culture numide ont été explorées comme l’architecture (Roger Hanoune), la langue (Elisabeth Fentress) ou la monnaie (Saïd Deloum).
Enfin, les chercheurs algériens Mahfoudh Ferroukhi et Abderrahmane Khelifa ont affronté l’énigme du mausolée d’El Khroub et concluent à la nécessité d’effectuer de nouvelles fouilles. La vingtaine de conférences du colloque «Massinissa, au cœur de la consécration du premier Etat numide» aura réussi à jeter des passerelles entre les disciplines, les cultures et les publics. La ville des ponts n’aura jamais aussi bien porté son nom. 
Walid Bouchakour

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